Les principes du droit des peuples à l’autodétermination et de l’égalité des races sont actuellement admis, au moins en théorie, par tous les États, à l’exception toutefois d’un seul, qui fait de la séparation des races et de la domination des Noirs par les Blancs son credo politique. La République d’Afrique du Sud, mise en accusation année après année, depuis onze ans par les Nations Unies, est l’objet de la vindicte des États africains. Depuis la Conférence d’Addis Abeba, en juin dernier, la réprobation de ceux-ci a pris le caractère d’une guerre froide. L’Afrique du Sud, cependant tient bon et ses dirigeants ne cachent pas qu’ils défendront jusqu’au bout leur politique d’apartheid, ou de « séparation », qui est pour eux, à les en croire, une question de vie ou de mort.

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Les Blancs d’Afrique du Sud sont actuellement plus de 3 300 000, dont près des deux tiers descendent des Hollandais et des Huguenots français venus les premiers dans le pays et qui parlent l’afrikaans, dialecte néerlandais assez simplifié, voire estropié (« de quoi faire la joie d’un Raymond Queneau batave » ^[1]), promu depuis 1925 au rang de langue officielle. Les autres Blancs, d’origine britannique et immigrants plus récents (dont 100 000 Israélites venus d’Europe Orientale) parlent anglais. Les gens de langue afrikaans, connus sous le nom de Boers (paysans), se donnent le nom d’Afrikaners, marquant ainsi qu’ils se considèrent comme autochtones. Ils sont les plus fermes tenants de la ségrégation et sont groupés dans les « Églises Réformées Hollandaises » et derrière le Parti Nationaliste. Les anglophones, plus libéraux, donnent la plupart de leurs voix au Parti Unifié qui soutient le droit des « non-Blancs » à avoir une part dans le gouvernement du pays. L’on aurait tort, cependant, de croire que les gens de langue anglaise soient opposés à la ségrégation. Dans leur grande majorité, ils partagent les préjugés, les haines et surtout les craintes de leurs compatriotes boers devant le nombre croissant des hommes de couleur. Ceux-ci sont maintenant plus de 13 millions, quatre fois plus que les Blancs. Ce sont surtout des Noirs Bantous ⁽²⁾ (plus de onze millions), divisés en de nombreuses tribus dont les plus importantes sont, au Nord celles des Zoulous, des Vendas et des Sothos, au Sud celle des Xhosas.