Politique et diplomatie - Les États-Unis et l’Asie du Sud-Est
Au moment où la situation au Vietnam retient à nouveau l’attention, un livre, qui vient de paraître, éclaire utilement certaines des origines des difficultés présentes. Il s’agit du premier volume des mémoires du général Ély (1), un ouvrage plein de substance, riche en enseignements de toutes sortes, écrit sans passion, par un homme qui fut directement mêlé à notre histoire dans l’après-guerre. Parmi les leçons que nous pouvons tirer de ce grand livre, je ne retiendrai ici que celles qui se rapportent à l’évolution du problème vietnamien.
D’abord, le général Ély rappelle, dans un exposé nuancé et précis, que les différences d’appréciation entre la France et les États-Unis sur la politique à appliquer au Vietnam remontent au moins à la signature des Accords de Genève en 1954. Dans la période difficile qui suivit la signature de ces Accords, notamment en avril-mai 1955, les divergences franco-américaines portaient essentiellement sur deux points.
— En premier lieu, la France souhaitait que l’autorité de Bao-Daï ne soit pas compromise par les avatars de la politique intérieure au Sud-Vietnam ; à plus forte raison que le chef de l’État conserve ses fonctions en tant que symbole de l’unité du Vietnam qui, aux termes des Accords de Genève, devait être réalisée un jour, après les élections qui devaient être organisées dans les deux parties du Vietnam en juillet 1956. Sans doute, était-on aussi conscient à Paris que dans les autres capitales européennes des insuffisances d’un chef d’État qui passait le plus clair de son temps sur la Côte d’Azur alors que son pays risquait de sombrer dans le chaos politique. Mais au moins ce chef d’État constituait-il un ultime recours, une possibilité d’arbitrage, et plus encore, le symbole de l’unité. Or, dans la crise du printemps 1955 qui opposa M. Diem à Bao Daï, les États-Unis prirent sans réserve le parti de M. Diem.
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