Le jeu de la dissuasion dans la crise au Vietnam
Depuis le 7 février 1965, date du premier raid de représailles de l’aviation américaine au Nord du 17e parallèle, la crise vietnamienne est entrée dans une phase nouvelle. À la guerre subversive initiale est venue se superposer une épreuve de force entre les États-Unis, alliés du gouvernement légal du Sud-Vietnam, et les puissances communistes (Nord-Vietnam, Chine et U.R.S.S.) qui soutiennent le mouvement insurrectionnel du Viet-Cong.
Dès le début de « l’escalade » américaine, de nombreux observateurs, évoquant des exemples du passé, ont cru que la crise ne pouvait manquer de s’aggraver en risquant de déboucher soit sur une nouvelle guerre de Corée, soit sur une réédition, en plus dramatique encore, de l’affaire de Cuba. Or, plus de deux mois se sont écoulés sans que l’épreuve de force ainsi engagée ait provoqué un engrenage aux conséquences incontrôlables ni que, d’un autre côté, une solution à la crise fut réellement en vue.
Certes, du côté américain, on peut estimer que la décision de répondre aux activités subversives du Viet-Cong par des raids de représailles contre le territoire du Nord-Vietnam s’est dans l’ensemble justifiée jusqu’ici. Outre le fait qu’elle a démontré, tant aux alliés Sud-Vietnamiens qu’aux adversaires communistes, la résolution américaine de ne pas abandonner le Sud-Vietnam, cette initiative a permis de mettre en évidence la discorde qui régnait au sein du monde communiste et de placer en particulier l’Union Soviétique dans une position embarrassante. Cependant, bien que l’entrée en jeu de l’aviation U.S. ait mis à l’épreuve le moral des dirigeants d’Hanoï et dans une certaine mesure celui des chefs Viet-Cong, on ne peut pas dire que les données de base du problème aient été radicalement modifiées. La guerre subversive se poursuit toujours dans le Sud-Vietnam et les adversaires communistes (Viet-Cong, Nord-Vietnam et Chine) ne semblent nullement persuadés de ce que les U.S.A. se trouvent dans une position de force pour négocier et, par-là, de s’opposer à ce qu’ils estiment être le « sens de l’histoire ».
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