Parler, dans un pays comme la France d’aujourd’hui, de Défense Nationale, conduit à s’exposer à une certaine incompréhension. Ce scepticisme n’est pas seulement, on peut le craindre, celui de la grande masse des citoyens, mais de ceux même que leur formation, ou même leur vocation, amène à s’y intéresser naturellement. Aussi bien n’est-il pas inutile d’inaugurer ce débat par un certain nombre de considérations générales, ne serait-ce que pour écarter ces motifs de doute, et rendre aux problèmes de Défense, tels qu’ils se présentent dans un pays comme le nôtre, leur signification d’actualité.

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La première de ces objections touche à l’état présent du monde. Que peut, entend-on dire, signifier la notion de Défense Nationale de nos jours, alors que visiblement personne ne songe à nous attaquer et que la notion de coexistence pacifique tend à devenir, en raison même des conséquences incalculables d’un conflit majeur, la règle des rapports internationaux ? En serait-il différemment ajoute-t-on, n’est-il pas évident qu’un pays comme le nôtre ne fait plus le poids, qu’il ne saurait conduire à lui seul ni une attaque, ni même une défense, qu’il est lié inextricablement à un ensemble d’actions et de réactions qui le dépassent et qui, par conséquent, vident de tout son sens une défense autonome ?