En politique comme en toute matière, comprendre signifie d’abord situer exactement les données du problème dans l’ensemble plus vaste qui leur donne leur sens. Cela revient à dire qu’en politique comme en toute matière, il faut commencer par le commencement. Faute de procéder ainsi, on se condamne à ne pas comprendre. Et faute de comprendre, il est bien difficile de juger.

Sans doute, la politique extérieure d’un État est-elle dans certains cas et dans certaines périodes la simple adaptation au jour le jour à une situation internationale qui ne comporte pas de difficultés majeures ; mais en d’autres cas, dans d’autres périodes, du fait des circonstances et du fait des hommes, la politique se définit comme le comportement global de l’État à l’égard d’un milieu extérieur qui pose des problèmes graves et que l’on va s’efforcer de modifier dans un sens favorable par une action systématique et continue.

Nul ne contestera que la politique contemporaine de la France rentre dans la deuxième catégorie. Il s’agit sans aucun doute d’un effort raisonné et systématique pour agir sur le milieu international — le milieu immédiat européen et le milieu mondial — en sorte qu’il évolue dans un sens que les responsables de la politique française jugent favorable : dans le sens de la paix, grâce à une action politique européenne.