Institutions internationales - Vers l’union économique et monétaire européenne – L’Europe et l’atome – Les investissements communautaires – Difficultés Communauté économique européenne (CEE)–Grande-Bretagne
Beaucoup plus que l’extension au Laos du conflit indochinois ou que tous les problèmes mis en lumière par la présentation du neuvième plan quinquennal soviétique et par la prochaine réunion du 24e Congrès du parti communiste, le « conflit pétrolier » a cristallisé l’attention. C’est qu’en effet les décisions prises à Téhéran, à Tripoli et à Alger en matière de prix auront des répercussions sur tous les coûts industriels, et risquent donc d’aggraver les tensions inflationnistes. Sans doute savait-on que le prix du pétrole était inférieur à ce qu’il aurait dû être, sans doute savait-on également que les pays producteurs du bassin méditerranéen veulent augmenter leurs revenus pétroliers afin d’accélérer leur industrialisation avant que le développement de l’énergie d’origine nucléaire ne crée une situation défavorable pour eux (1). Mais l’on ne pensait pas que les gouvernements de ces pays producteurs agiraient unilatéralement comme ils l’ont fait. Au-delà de cet aspect du problème en apparaissent les conséquences pour l’Europe.
Le 16 février 1971, Le Monde écrivait justement : « La vieille Europe industrielle est à la merci de quelques pays neufs qui n’avaient à ses yeux guère de poids politique tant qu’ils n’étaient pas solidaires… Cette dépendance, qu’elle avait commencé de soupçonner à l’occasion des deux crises de Suez, l’Europe occidentale ne la partage qu’avec le Japon ». En effet, les États-Unis et l’Union soviétique ont dans leur sol l’essentiel de leur potentiel énergétique. Il y a là, pour l’Europe par rapport aux deux super-Grands, un élément de faiblesse auquel on ne prête généralement pas une attention suffisante. Cette dépendance constitue une hypothèque pour les nations européennes, d’autant que les compagnies pétrolières les plus puissantes sont américaines. Aussi longtemps que les pays producteurs resteront groupés, ils pourront pousser très loin leurs exigences, peut-être même aligner le prix de leur pétrole sur celui des États-Unis, très onéreux et renchéri encore par la politique américaine de conservation des réserves. Ni Washington ni Moscou n’y trouveraient à redire : les super-Grands pourraient même considérer qu’ils ont intérêt, au moins à court terme, à une hausse du coût de la production européenne, entraînant une diminution de sa compétitivité. On retrouve les oppositions que suscite le dynamisme de la Communauté européenne. Mais celle-ci ne risque-t-elle pas de subir les conséquences de l’absence d’une politique énergétique commune ?
Vers l’union économique et monétaire européenne
Le 9 février 1971, le conseil des ministres des « Six », que présidait M. Maurice Schumann, a décidé de mettre en route l’union économique et monétaire, dont la première étape ne doit normalement comporter aucune mesure vraiment contraignante. Des procédures de consultation sont prévues pour coordonner progressivement les politiques budgétaires et économiques ; les marges de fluctuation entre les monnaies des pays de la Communauté seront resserrées, selon des modalités que les gouvernements et les banques centrales doivent fixer.
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