Marine - France : le groupe Thétis relève la force Saphir dans l'océan Indien - Grande-Bretagne : lancement du sous-marin HMS Superb - Espagne : lancement d'un sous-marin et mise en service d'un escorteur lance-missiles - Japon : entrée en service du destroyer porte-hélicoptères Kiei ; entrée en service d'un sous-marin
France : le groupe Thétis relève la force Saphir dans l’océan Indien
Une petite formation navale baptisée « groupe Thétis » et comprenant la frégate lance-missiles Suffren et l’escorteur d’escadre Kersaint, a appareillé de Brest le 7 février 1975 pour l’océan Indien.
Elle assurera la relève de la force Saphir constituée autour du porte-avions Clemenceau et de son groupe aérien, par la frégate Anti-sous-marine (ASM) Tourville, l’escorteur d’escadre Bouvet, les pétroliers ravitailleurs La Saône et l’Aberwrac’h. Cette force Saphir ralliera la métropole vers la fin mai et procédera à des exercices durant son transit de retour avec les deux unités du groupe Thétis. Ce dernier restera en mission dans l’océan Indien durant environ 4 mois avant de rentrer en France fin juillet.
Par l’envoi de ces groupes occasionnels, notre pays entend renforcer dans ce théâtre, le plus névralgique sans conteste après la Méditerranée orientale, la force permanente qu’il y entretient et qui comprend en ce qui concerne les forces navales :
– le pétrolier ravitailleur La Charente arborant la marque du contre-amiral commandant les forces maritimes en océan Indien ;
– les avisos escorteurs Amiral Charner, Commandant Bourdais et Victor Schœlcher ;
– le navire-atelier La Garonne ;
– les stationnaires de Djibouti : Étoile Polaire, Malouine et Combattante et un avion Atlantic de patrouille maritime ;
– les stationnaires de La Réunion : Altair, Dieppoise et Champlain.
Les lignes qui suivent montrent que cette présence est modeste par rapport à celles qu’y déploient les États-Unis, l’URSS et la Grande-Bretagne depuis la fin de la guerre israélo-arabe d’octobre 1973.
En janvier dernier, une importante Task Force américaine, détachée de la VIIe Flotte du Pacifique, a franchi le détroit de Malacca à destination de la mer d’Oman où elle séjournera quelques semaines.
Cette formation, la plus importante déployée par l’US Navy dans l’océan Indien depuis la fin du conflit indo-pakistanais de décembre 1971, comprend notamment le porte-avions nucléaire Enterprise et le croiseur nucléaire Long Beach.
L’Enterprise peut mettre en œuvre plus d’une centaine d’aéronefs dont deux flottilles du nouvel intercepteur tout temps Grumman F-14 Tomcat, l’un des appareils les plus rapides et les plus puissants du monde (biplace à géométrie variable ; vitesse : mach 3,3 - rayon d’action de combat : 500 nautiques). L’Enterprise, de 89 000 tonnes, est le seul porte-avions nucléaire de l’US Navy qui soit opérationnel.
Un autre, le Nimitz, de 90 000 t, est en essais et doit entrer en service avant la fin de l’année : deux autres du même type sont en construction (le Dwight Eisenhower) ou commandé (le Carl Vinson). Le Long Beach est le plus grand croiseur américain. Il déplace 20 000 t et est équipé de missiles surface-air Terrier à moyenne portée et Talos à très longue portée ainsi que d’engins ASROC (Anti Submarine Rocket) dotés pour certains d’entre eux d’une ogive nucléaire.
Ce groupe occasionnel est le sixième que, depuis la guerre du Kippour, les États-Unis déploient par intermittence dans l’océan Indien occidental pour y renforcer la petite force baptisée Mideastforce, entretenue en permanence par l’US Navy.
Basée à Bahreïn, elle est forte d’un navire-amiral, le La Salle, qui est un ancien Transport de chalands de débarquement (TCD) de 11 000 t du type LPD, et de 2 à 3 destroyers d’escorte.
Ces groupes ont été :
– le porte-avions Hancock, 2 destroyers et un pétrolier en octobre et novembre 1973 ;
– le porte-avions Oriskany et son escorte en décembre et janvier 1974 ;
– le porte-avions Kitty Hawk avec quelques destroyers, de mars à avril 1974 ;
– le croiseur lourd Chicago, 2 destroyers et 1 pétrolier de juin à juillet :
– le porte-avions Constellation, 3 escorteurs, en novembre et décembre dernier. Le Constellation a participé à l’exercice Midlink (du 23 novembre au 2 décembre 1974).
Ces groupes bénéficient pour leur éclairage à très longue distance de l’aide que leur apportent les avions de patrouille maritime du type Lockheed P-3 Orion opérant à partir de Diego Garcia. L’atoll de Diego Garcia qui appartient à la Couronne britannique est situé dans l’archipel des Chagos. Il a fait l’objet d’un accord de longue durée grâce auquel les États-Unis ont pu y établir une piste de 2 400 m, dont l’allongement à 3 500 m est prévu.
Par ailleurs, ils viennent d’obtenir du Sultanat d’Oman le droit d’utiliser occasionnellement la base de la Royal Air Force (RAF) située dans l’île de Masirah.
Du côté britannique, la Royal Navy participe à la force ANZUK du pacte des Cinq Nations (1) avec un escorteur, un sous-marin et quelques avions de patrouille maritime basés à Singapour.
Un à deux escorteurs assurent encore dans le canal du Mozambique le blocus symbolique du pétrole à destination de la Rhodésie.
Nos lecteurs savent, d’autre part (voir notre chronique de février 1975), qu’en dépit de sa politique d’économies sévères, le gouvernement de M. Wilson n’a pas rappelé le groupe naval occasionnel actuellement déployé à l’Est du Cap et qu’il n’est pas question de le relever avant l’échéance normale, c’est-à-dire lorsqu’il aura achevé son séjour de 7 mois dans la zone. Ce groupe se compose actuellement de : 1 croiseur porte-hélicoptères ASM, l’HMS Blake ; 5 escorteurs ; 1 Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) : l’HMS Warspite ; 2 à 3 unités de soutien logistique mobile.
Quant à la présence navale soviétique, épisodique jusque-là, elle a pris un caractère permanent à partir de 1969. Son importance a varié en fonction des événements ou des opérations, notamment de dragage, auxquelles la marine soviétique a pris part après les conflits indo-pakistanais et israélo-arabe.
L’an dernier, le niveau moyen de présence a été de : 1 croiseur amiral, en général l’Admiral Seniavine, du type Sverdlov (20 000 t), 2 à 4 escorteurs ou destroyers, 1 à 2 sous-marins classiques remplacés parfois par autant de sous-marins nucléaires d’attaque. Ces navires proviennent, soit de la Flotte d’Extrême-Orient, soit des flottes basées en Europe, comme le porte-hélicoptères ASM Leningrad qui a pris part aux opérations de dragage dans le Golfe de Suez.
La réouverture attendue du canal de Suez qui, sur le plan militaire, profitera surtout à l’URSS, facilitera évidemment le déploiement de ses forces navales dans l’océan Indien, celles-ci n’ayant plus à venir de Vladivostok ou à faire le tour de l’Afrique pour y parvenir : les Soviétiques poussent donc au maximum à la réouverture du canal. Cette perspective pourrait expliquer, au moins en partie, la tension qui s’est manifestée récemment entre Le Caire et Moscou, l’Égypte souhaitant en contrepartie de l’ouverture du canal et de l’autorisation de passage pour les navires de guerre soviétiques, une aide de l’URSS accrue dans tous les domaines.
Grande-Bretagne : lancement du sous-marin HMS Superb
L’HMS Superb, le 9e SNA de la Royal Navy, a été lancé le 30 novembre 1974 aux chantiers Vickcrs de Barrow-in-Furness.
Appartenant à la classe Swiftsure qui comprend 5 unités, il présente les caractéristiques suivantes :
– déplacement : 3 500 t Genève : 4 400 t en plongée ;
– dimensions : 82,90 x 10,12 m ;
– vitesse : 20 nœuds en surface : 25 à 30 nœuds en plongée ;
– armement : 5 Tubes lance-torpilles (TLT)/533 permettant le lancement de torpilles filoguidées ;
– équipage : 12 officiers et 85 hommes.
Deux autres sous-marins du même type sont en construction : l’HMS Sceptre et l’HMS Spartan, mais leur achèvement comme celui du Superb va être étalé dans le temps par mesure d’économie.
Espagne : lancement d’un sous-marin et mise en service d’un escorteur lance-missiles
Le S64 Narval, 4e sous-marin espagnol de la classe Daphné, a été mis à flot le 16 décembre 1974 aux chantiers navals de Carthagène.
Le S63 Marsopa a été armé pour essais en septembre 1974.
Le S61 Delfin et le S62 Tonina sont en service.
Rappelons à ce propos qu’un accord pour la construction de 2 sous-marins de 1 200 t du type français Agosta a été signé le 9 février dernier à Madrid et que ces bâtiments, comme le Delfin, seront construits avec l’assistance de notre pays, dans les chantiers de l’Empresa Nacional Bazan de Carthagène.
Cette même société, mais cette fois dans ses chantiers du Ferrol, vient de livrer à la marine la troisième des 5 unités de la classe Baléares : il s’agit du Cataluna qui, après essais, se rendra au printemps prochain aux États-Unis pour y compléter son programme d’entraînement et de tirs Tartar. Ces 5 frégates qui portent les noms de Baléares (en service), Andalucia (en essais), Cataluna, Asturias et Estramadura, présentent les caractéristiques suivantes :
• déplacement : 2 900 t Washington : 4 177 t pleine charge (tpc) ;
• dimensions : 133,60 x 14,25 x 5,60 x 7,50 m (avec sonar) ;
• machines : 2 chaudières - turbines - 1 hélice ;
• armement :
– missiles : 1 système surface-air Tartar simplifié (16 missiles et 1 seul radar de guidage SPG51) ;
– artillerie : 1 tourelle simple de 127 CA (40 coups/minute) ;
– ASM : 1 système ASROC, 4/TLT ASM, 2 T ASM fixes ;
– électronique : 1 radar tridimensionnel, 1 radar de veille combinée, 1 radar d’artillerie, 1 radar de guidage pour les missiles, 1 sonar d’étrave à basse fréquence, 1 sonar remorqué.
Japon
Entrée en service du destroyer porte-hélicoptères Kiei
Le second destroyer porte-hélicoptères de la marine japonaise est entré en service le 27 novembre 1974. Inscrit comme son sistership Haruna au 3e Plan d’équipement militaire, il présente les caractéristiques suivantes :
– déplacement : 4 700 t ;
– dimensions : 153 (ht) x 145 (pp) x 17,50 x 5,07 m ;
– propulsion : 2 groupes de turbines développant 70 000 CV au total, 2 hélices ;
– vitesse max. : 32 nœuds ;
– armement : 2/127 de type américain (40 coups/minute), 6 TLT/ASM (torpilles américaines MK44 ou 46), 1 ASROC, 3 hélicoptères ASM HSS-2 ;
– équipage : 36 officiers + 304 hommes.
Entrée en service d’un sous-marin
Le sous-marin Kuroshio qui avait été lancé en mars 1974, a été admis au service actif le 27 novembre 1974. Il fait partie d’une classe de 8 sous-marins (5 au 3e Plan, 3 au 4e Plan) dont le prototype, l’Uzushio, est entré en service en 1971. Avec le Kuroshio, les 5 unités du 3e Plan sont en service.
Caractéristiques :
– coupe en forme « goutte d’eau » ;
– déplacement : 1 850 t ;
– dimensions : 72 x 9,90 x 7,50 m :
– propulsion : Diesel électrique, 2 diesels puissance max. 3 400 CV, 2 moteurs électriques puissance max. 7 000 CV, 1 hélice ;
– vitesse : 13 nœuds en surface, 20 nœuds en plongée ;
– armement : 6 TLT/533 ;
– immersion : 200 m :
– équipage : 10 officiers + 70 hommes.
Rappelons que la flotte sous-marine nippone vient, avec 15 sous-marins en service et 5 autres en construction, tout de suite après la marine française par le nombre de ses unités.
(1) Le pacte lie la Grande-Bretagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et la République de Singapour. L’ANZUK, ne groupe, comme le sigle l’indique, que les trois premiers pays.