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  • Revue n° 347 Août/Sept 1975
  • Défense dans le monde - Canada–États-Unis : le renouvellement de l'accord NORAD (North American Aerospace Defense Command) - États-Unis : le Congrès et les questions de défense - Conférences internationales : la troisième conférence des Nations unies sur le Droit de la Mer - Mer du Nord : protection des installations pétrolières - République fédérale d'Allemagne (RFA) : le budget de défense 1975 - La Grèce et l'Otan

Défense dans le monde - Canada–États-Unis : le renouvellement de l'accord NORAD (North American Aerospace Defense Command) - États-Unis : le Congrès et les questions de défense - Conférences internationales : la troisième conférence des Nations unies sur le Droit de la Mer - Mer du Nord : protection des installations pétrolières - République fédérale d'Allemagne (RFA) : le budget de défense 1975 - La Grèce et l'Otan

Jacques Tilhère, « Défense dans le monde - Canada–États-Unis : le renouvellement de l'accord NORAD (North American Aerospace Defense Command) - États-Unis : le Congrès et les questions de défense - Conférences internationales : la troisième conférence des Nations unies sur le Droit de la Mer - Mer du Nord : protection des installations pétrolières - République fédérale d'Allemagne (RFA) : le budget de défense 1975 - La Grèce et l'Otan  » Revue n° 347 Août/Sept 1975 - p. 147-156

Canada–États-Unis : le renouvellement de l’accord NORAD

Prorogé de deux ans seulement en mai 1973, l’accord NORAD (North American Aerospace Defense Command) de défense aérienne de l’Amérique du Nord entre les États-Unis et le Canada a été renouvelé pour cinq ans le 8 mai 1975.

La durée de la période couverte par le nouveau protocole et les modifications apportées à la mise en œuvre de l’accord semblent indiquer que Canadiens et Américains sont parvenus à une solution répondant aux intérêts des deux pays et aux exigences nouvelles de la défense aérienne du continent nord-américain.

Signé pendant la guerre froide en 1958, l’accord NORAD a mis sur pied une organisation intégrée de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, regroupant sous autorité américaine (1) les commandements de la défense aérienne canadienne et de la défense aérospatiale américaine. En fait, le Canada participe essentiellement à la défense aérienne de la partie nord du continent.

La détection des intrusions aériennes est réalisée à partir d’une ligne de radars (DEW Line) bordant l’océan Arctique de l’Alaska à la côte Est du Canada ; l’interception est menée grâce aux renseignements fournis par une seconde ligne de radars (Pinetrec Line) courant le long de la frontière canado-américaine. Le continent était jusqu’à maintenant divisé en huit régions NORAD (2) dont le centre nerveux était le PC enterré de Cheyenne Mountain à Colorado Springs (États-Unis). Cette structure, qui ne tenait pas compte des frontières politiques, plaçait sous responsabilité américaine la défense aérienne de tout l’Ouest canadien ; seule la partie orientale et les zones arctiques étaient sous le contrôle direct du Canada.

La participation canadienne au commandement NORAD est apparue inadaptée dès la fin des années 1960. D’une part, l’évolution de l’arsenal stratégique offensif de l’Union soviétique a rendu moins plausible l’éventualité d’une attaque des États-Unis au moyen de vecteurs pilotés.

Les États-Unis ont d’ailleurs retiré du sol canadien dès 1971-1972 leurs missiles nucléaires de défense aérienne BOMARC et fermé, sauf en Alaska, leurs sites Nike Hercules. Les radars des lignes DEW et Pinetrec étant inadaptés à la menace présentée par les missiles, la défense aérospatiale du continent repose sur les moyens américains de détection et d’alerte contre les missiles intercontinentaux et les missiles mer-sol et sur les systèmes de surveillance de l’espace.

D’autre part, depuis l’accession au pouvoir de M. Trudeau, le Canada s’est montré soucieux d’affirmer son indépendance ; il a mis au premier plan de ses objectifs de défense la protection de sa souveraineté, desseins s’accordant mal avec la part prise par les États-Unis dans la défense aérienne du territoire canadien. En outre, l’intégration des forces au sein du NORAD n’est pas sans inconvénient politique : elle a par exemple contraint les Canadiens à participer, sans consultation préalable entre les deux capitales, à l’état d’alerte avancée décrété par Washington lors de la crise du Yom Kippour.

Le protocole d’accord signé le 8 mai 1975 est l’aboutissement des études menées à Washington et à Ottawa, alors que sa prorogation de 2 ans en 1973 n’avait constitué qu’une solution d’attente. Américains et Canadiens ont estimé que la menace d’attaque par bombardiers pilotés demeurait ; la nécessité d’assurer le contrôle de l’espace aérien nord-américain justifie le maintien de l’accord NORAD, tandis que se poursuivent les études concernant les procédés de détection des missiles.

Le caractère intégré de la défense aérienne est donc conservé pour le temps de guerre. Des modifications seront apportées aux systèmes radars : certaines stations seront fermées, les matériels de la DEW Line seront remplacés par des équipements plus élaborés et un nouveau système de transmission des données sera mis en place vers 1985.

La réorganisation des structures territoriales de l’accord NORAD permettra aux deux pays d’exercer pleinement leur souveraineté sur leurs espaces aériens respectifs. À cette fin, une deuxième zone NORAD canadienne est créée dans l’Ouest canadien (PC à Edmonton, Alberta) et les sept régions sous commandement américain sont réduites à quatre. Les limites des nouvelles zones coïncidant pratiquement avec les frontières politiques, le contrôle du trafic aérien en temps de paix devient national et unique pour les avions civils et militaires. Cette mesure correspond parfaitement à la politique de M. Trudeau visant à affirmer l’identité canadienne sans heurter inutilement la susceptibilité américaine.

Le nouvel accord de défense aérienne entre les États-Unis et le Canada reste fondé sur l’esprit de coopération entre les deux pays et se caractérise par une efficacité sans doute accrue du contrôle de la circulation aérienne sur le continent nord-américain.

Il met l’accent sur la souveraineté de chaque pays sur son espace aérien en temps de paix. En temps de guerre, les moyens et les personnels en place conféreraient au NORAD comme par le passé le caractère de commandement opérationnel intégré des forces de défense aérienne des deux pays.

États-Unis : le Congrès et les questions de défense

Le Congrès a procédé à l’étude des demandes de l’Administration pour le budget de défense 1975-1976 (3). Traditionnellement, cette étude donne lieu au dépôt de nombreux amendements tendant à limiter les crédits destinés au Pentagone.

Cette année, les discussions font apparaître chez la majorité des congressistes le souci très net d’éviter toute prise de position de nature à affecter la puissance militaire des États-Unis ainsi que le niveau des forces stationnées outre-mer.

Les années précédentes, en effet, l’action du Congrès visait, en examinant minutieusement les demandes budgétaires du département de la Défense, à réduire systématiquement une partie des crédits destinés aux différents programmes et à réaliser ainsi une économie globale de l’ordre de 10 %. Les restrictions apportées par les parlementaires aux prétentions du Pentagone se sont toujours traduites par l’étalement dans le temps ou l’ajournement de bon nombre de programmes et par des réductions des effectifs stationnés à l’étranger, considérés par le Congrès comme générateurs de dépenses excessives.

Il apparaît, cette année, que les autorisations de programmes prévues pour doter les acquisitions de matériels majeurs ont été mieux accueillies que précédemment au Capitole. Cédant aux exhortations prodiguées tout au long du premier semestre de 1975 par les hauts responsables de l’Administration, Président en tête, le Congrès a, semble-t-il, accepté sans trop de réticence les projets d’acquisition du Pentagone.

Face à des demandes qui, pour les matériels, se trouvent en augmentation de plus de 40 % par rapport à celles de l’année précédente (4), le Congrès s’apprête à se prononcer pour une réduction n’excédant pas 10 % du montant souhaité, ce qui traduit pour la première fois depuis des années une augmentation en valeur réelle. Il doit très prochainement donner son accord sur tous les grands programmes et l’on sait que, d’ores et déjà, le bombardier stratégique Rockell B-1, le sous-marin Trident [NDLR 2024 : du nom du missile équipant le sous-marin nucléaire lanceur d’engins] et le chasseur d’attaque Fairchild A-10 ont reçu le feu vert.

Il en va de même en ce qui concerne le niveau des effectifs déployés outre-mer, chapitre qui a toujours constitué une cible de choix pour le Congrès. Il convient de rappeler en ce domaine l’action passée de MM. Mansfield et Jackson. Si le premier s’est fait longtemps le champion d’une réduction importante des contingents américains dans le monde, le second est l’auteur de l’amendement Jackson-Nunn (5) liant la présence des forces américaines en Europe à la prise en charge par les alliés européens du déficit qu’entraîne pour Washington l’entretien de ces forces. Là encore, la position très nette prise par le Congrès sur ces questions contraste avec l’attitude ambiguë des années précédentes.

Le Sénateur Mansfield, qui estime le moment inopportun pour soulever à nouveau le problème du déploiement des forces américaines dans le monde, s’abstiendrait de présenter son habituelle proposition qui, au demeurant, a peu de chances d’être votée.

Pour l’Europe, si l’effort occidental – conjugué à celui fait par l’Amérique – apparaît encore insuffisant pour contrebalancer les progrès accomplis par l’URSS et ses satellites, il se place désormais dans la perspective d’un plus juste partage du fardeau entre les États-Unis et leurs alliés. Tel est le sens du récent rapport présenté par le Président Ford au Congrès et rendant compte des compensations offertes par les Européens dans le cadre de l’amendement Jackson-Nunn (6). La conclusion de ce rapport, dont la résonance s’est encore accrue après la confirmation de l’achat du General Dynamics YF-16 par quatre pays de l’Alliance, a très nettement contribué à la satisfaction du Congrès.

À la veille de prendre position sur les grandes options du budget de défense pour l’année 1975-1976, le Congrès fait preuve d’une modération qui pourrait indiquer dans ce domaine un réchauffement de ses relations avec l’Administration et laisse bien augurer du maintien de la puissance militaire américaine.

Après les événements du Vietnam, on veut manifestement, au Capitole, éviter tout ce qui pourrait traduire auprès de l’opinion un défaut de vigilance ou de résolution et porter atteinte à la confiance des alliés.

Conférences internationales : la 3e Conférence des Nations unies sur le droit de la mer

La 3e Conférence (7) des Nations unies sur le droit de la mer a terminé le 9 mai 1975 les travaux de sa 3e session tenue pendant huit semaines à Genève. Venant après une session d’organisation à New York en fin 1973 et une première session de travail à Caracas pendant l’été 1974, celle qui vient de s’achever en précède une quatrième prévue pour le printemps 1976.

Cette 3e Conférence répond aux besoins de voir, ou de revoir selon les cas, les questions afférentes au droit de la mer, lequel se fonde sur quatre conventions issues de la conférence de 1958 à Genève et portant sur la mer territoriale, la haute mer, la pêche et le plateau continental.

La conférence a réparti ses travaux en trois commissions. La première commission traite des questions des fonds marins au-delà de la juridiction nationale. La troisième traite de la pollution et de la recherche scientifique marines. La deuxième traite tous les autres sujets : mer territoriale, zone contiguë, détroits, zone économique exclusive, plateau continental, haute mer, régime des îles, archipels, etc.

L’objet de la conférence est particulièrement nouveau par rapport aux préoccupations habituelles des Nations unies. Il s’agit, en effet, de tenter une solution mondialiste de répartition de ressources et de réglementation d’usages, en créant un nouveau sujet du droit international, à savoir l’humanité ; le tout dans le milieu le moins connu, le plus divers, le plus historiquement « anarchique » : la mer.

Les négociations sont lentes et prudentes. Elles sont marquées par la règle du consensus, destinée à éviter qu’on n’en vienne au vote, procédé qui serait de nature à faire capoter la conférence, compte tenu du rapport des forces. C’est pourquoi les travaux se déroulent la plupart du temps en séances officieuses, à huis clos.

Les intérêts des États se regroupent dans les deux domaines classiques des relations internationales : l’économie et la stratégie. Le domaine économique a comme enjeux majeurs l’exploitation des fonds marins et du plateau continental, ainsi que la pêche. Le domaine stratégique a comme enjeux la libre circulation des forces navales et le libre transit dans les détroits (avions, navires et sous-marins) qui conditionnent notamment l’équilibre mondial de la dissuasion entre les États-Unis et l’URSS.

On retrouve donc le clivage traditionnel de l’ONU : pays en voie de développement contre pays développés. Parmi ces derniers, les deux Grands et les puissances maritimes sont des adversaires privilégiés. Mais les caprices de la géographie, pour une fois, apportent un élément essentiel qui tempère le dualisme traditionnel. Cela mérite d’être signalé. Ainsi s’est constitué le groupe des pays sans littoral (Tchécoslovaquie, Suisse, Bolivie, Tchad, Lesotho, Mongolie, etc.) et des pays géographiquement désavantagés (Zaïre, Singapour, Belgique, Irak, etc.) dont le nombre atteint désormais 49 membres, soit le tiers des participants. Ceux d’entre eux qui sont en voie de développement commencent à apporter la contestation au sein du groupe dit « des 77 » (qui en fait sont à l’heure actuelle plus de cent). Contre l’appropriation des zones maritimes, dont les latino-américains se sont fait les champions, les puissances maritimes peuvent trouver auprès de ces États des alliés objectifs, les intérêts étant assez voisins.

Les négociations à Caracas puis à Genève n’ont abouti à aucune entente. Tout au plus des tendances se dessinent-elles, mais elles sont subordonnées à un accord global. Parmi elles, la mer territoriale à 12 milles, le concept de Zone économique exclusive de 200 milles, la limite du Plateau continental paraissent assurés. Le libre passage dans les détroits fera l’objet de très sévères combats retardateurs par les tenants du seul passage inoffensif.

À la demande du président de la conférence, les présidents des trois commissions ont rédigé, sous leur seule responsabilité, des « textes unifiés ». Ces textes ne doivent en aucune façon être considérés comme des projets de convention, mais ils serviront de base à la négociation de la quatrième session au printemps 1976.

Cette quatrième session s’annonce aussi très difficile. Elle semble condamnée si aucune concession sérieuse n’est obtenue du Tiers-Monde, sur les fonds marins notamment.

Avec le temps, les débats pourraient rejoindre ceux du nouvel ordre économique mondial. Avec le temps encore, l’indispensable lenteur, caractéristique de la progression du droit international, permettrait peu à peu un progrès qui demeure possible. Mais, sous la menace de décisions unilatérales et sous la pression de certains groupes industriels extrêmement puissants, le désir d’aboutir rapidement à une convention pousse certains pays. États-Unis en tête, à hâter la signature de cette convention.

Quoi qu’il en soit, l’état d’avancement des travaux est tel que la session de printemps 1976 ne sera pas la dernière. C’est d’ailleurs pourquoi le principe d’une cinquième session, en 1976, a déjà été retenu.

Protection des installations pétrolières en mer du Nord

Bien que la menace pesant sur la sécurité des installations pétrolières en mer du Nord puisse dès maintenant être définie avec une certaine approximation, les mesures pour y parer posent des problèmes nouveaux et complexes : leurs solutions ne sont encore qu’à peine ébauchées avec des moyens mal adaptés et insuffisants.

Déjà exposées par leur nature même à des accidents d’exploitation ou de navigation, les installations de recherche et de production de pétrole et de gaz en haute mer sont vulnérables à quatre types d’attaques :

– sabotage par un terroriste infiltré dans l’équipage ou par un employé atteint de folie,
– saisie d’une plateforme par un groupe de terroristes aux fins de chantage ou de destruction,
– attaque étrangère sous-marine par plongeurs ou par submersibles,
– attaque directe, aérienne ou en surface, par une puissance étrangère.

La menace terroriste n’a jamais atteint les installations en pleine mer. Cependant elle s’est déjà manifestée depuis dix-huit mois sur les chantiers terrestres de construction par douze alertes à la bombe imputées à des nationalistes écossais. Dans ce cas, la parade relève du domaine désormais classique de la protection des points sensibles du territoire national.

La menace étrangère est apparue à maintes reprises sous la forme préliminaire d’incursions de navires soviétiques à l’intérieur du périmètre de sécurité de 500 mètres réservé par le droit maritime international autour des plateformes. Par ailleurs, des avions de reconnaissance soviétiques sont fréquemment interceptés sur la zone par la Royal Air Force.

Les parades actuellement mises place s’appliquent le plus souvent au niveau national dans des domaines limités.

Dans le domaine aérien, la défense ne pose pas de problèmes spécifiques. C’est ainsi que les incursions soviétiques ont donné à la RAF l’occasion de prouver l’efficacité de son dispositif de surveillance et d’intervention dans sa zone de responsabilité.

Dans les autres domaines, les réalisations sont moins avancées, les organisations destinées à parer à la menace ne sont pas au point, les moyens adaptés ne sont pas en place en nombre suffisant, la coordination ainsi que la répartition des responsabilités ne sont pas encore assez avancées pour répondre à toutes les exigences de la sécurité.

Un article du Sunday Times rapporte qu’en Grande-Bretagne, les plateformes habitées sont reliées au réseau général d’alerte du sauvetage en mer actionné par la police qui fait elle-même appel aux renforts militaires navals et aériens en cas de nécessité. Les moyens normalement utilisés sont donc ceux du sauvetage à la seule exception de deux petits bâtiments spécialisés de la Navy de 500 et 900 tonnes. Ces navires ont pour mission de patrouiller dans la zone pétrolière dont l’étendue est telle que les délais d’intervention peuvent atteindre 36 heures. Des hélicoptères militaires peuvent être utilisés aux fins d’intervention rapide, mais de nombreuses installations se trouvent hors de leur portée.

Selon ce journal, la Royal Navy prévoit d’ici à 1977 l’affectation à cette tâche de quatre avions de patrouille maritime associés à cinq bâtiments de 900 t spécialement étudiés pour la protection, le sauvetage et la lutte contre l’incendie et la pollution. L’intervention éventuelle d’unités de Royal Marines basées en Écosse et l’assistance d’autres bâtiments de guerre sont également prévues.

D’après les mêmes sources, l’Institut d’études de défense de l’Université d’Edinburgh, officiellement chargé par le Gouvernement britannique d’une étude sur la défense des installations pétrolières en mer du Nord, considère que les moyens permanents prévus sont insuffisants car les délais d’intervention par mer pourraient encore atteindre dix heures. Il préconise un quadrillage plus serré avec huit bâtiments plus rapides et plus importants qui seraient dotés chacun d’un hélicoptère ; les délais d’intervention seraient alors réduits au minimum.

Du côté norvégien, le Comité Stolenberg et la Commission de la défense travaillent sur la question mais n’ont pas encore déposé leurs conclusions. On s’oriente vers l’extension du système de navires garde-côtes qui serait confié à la marine avec des bâtiments adaptés.

Mais ces moyens de défense, déjà insuffisants à l’échelon national, ne peuvent satisfaire qu’une partie des exigences de sécurité car le problème est beaucoup plus complexe en raison de ses composantes techniques, juridiques et internationales.

Le danger immédiat, qu’il soit d’origine accidentelle ou intentionnelle, est celui d’une rupture de canalisation entraînant l’incendie ou la pollution et dont la prévention relève du domaine de la technique. Consacrant 10 à 15 % de leurs investissements à la sécurité, les compagnies ont mis en place des dispositifs de vannes automatiques limitant les risques à un seul tronçon. Le danger purement technique devrait par conséquent être ramené à des proportions acceptables. Des études dans ce sens sont poursuivies dans le cadre plus général de groupes de travail créés à suite de la « Conférence sur la sécurité et les moyens de protection contre la pollution pendant le développement des ressources minérales marines du Nord-Ouest de l’Europe » qui s’est tenue à Londres en mars 1973. Les travaux de ces groupes sont suivis en France par le ministère de l’Industrie.

Pour la défense proprement dite, certaines solutions se heurtent à des difficultés d’ordre juridique car en cette matière le droit international est encore mal défini. Ainsi, l’absence de statut pour les plateformes entrave leur équipement en armement défensif, puisque ces constructions ne peuvent être déclarées sans conteste comme une portion du territoire national, ni assimilées à un navire de guerre répertorié sur les annuaires des flottes de combat.

Les divergences internationales enfin, constituent un obstacle important. Aux inévitables difficultés que comporte la coopération entre les cinq pays concernés – Grande-Bretagne, Norvège, République fédérale d’Allemagne (RFA), Danemark et Pays-Bas – viennent s’ajouter celles qu’entraîne la proximité des zones d’intérêts soviétiques.

Les installations pétrolières représentent un objectif stratégique assez important pour que leur défense constitue une mission prioritaire de l’Otan en temps de guerre ; mais en temps de paix, le recours aux structures de l’Alliance comporte un risque de tension internationale. Les tentatives faites dans ce sens ont entraîné des réactions immédiates de l’URSS de nature à inciter Oslo à rechercher une autre approche. La Norvège est en effet soucieuse de ne pas envenimer ses relations avec son puissant voisin au moment où elle négocie avec lui le partage du plateau continental du Spitzberg.

Le problème a donc été repris dans une enceinte distincte de l’Otan avec la participation des pays riverains de la mer du Nord, y compris la France et la Belgique, et en conservant la liaison avec les groupes de travail de la Conférence de Londres pour éviter les doubles emplois. Une réunion s’est tenue le 5 juin 1975 à La Haye pour entreprendre dans ce cadre particulier une étude conjointe des facteurs de la décision en vue de coordonner la surveillance et de mettre au point un système d’appui mutuel en cas d’accident, étant entendu que la défense ponctuelle des plateformes reste une responsabilité nationale.

L’organisation de la défense des installations pétrolières en mer du Nord reste donc fragmentaire au niveau national tandis qu’au plan international le stade exploratoire n’est guère dépassé. Les problèmes de coordination et de droit international qui se posent sont aggravés par le fait qu’ils doivent être résolus conjointement par plusieurs nations dans des domaines relevant de ministères différents et dans le cadre de législations et de réglementations souvent disparates, parfois inexistantes.

République fédérale d’Allemagne (RFA) : le budget de défense 1975

Examiné depuis décembre 1974 en commission parlementaire, le projet de budget général 1975 a été adopté définitivement le 21 mars 1975 par le Bundestag. En particulier le chapitre de la défense a été approuvé à la fois par les partenaires de la coalition et ceux de l’opposition.

Avec un total de 155,9 Mds de DM (1 DM = 1,85 FF) contre 136,3 en 1974, le budget fédéral est en progression en marks courants de 14,3 % d’une année sur l’autre. De ce total, la défense se voit accorder un crédit de l’ordre de 30,9 Mds de marks soit une progression de 7,3 % sur 1974 où la somme allouée s’élevait à 28,8 Mds. Malgré cet accroissement inférieur à celui du budget général, la Défense se trouve toutefois en deuxième position après le ministère du Travail et des Affaires sociales ; elle représente 19,8 % du budget global et 2,8 % du produit national brut.

Les dépenses de fonctionnement s’accroissent de 9,24 % pour atteindre la somme de 21,5 Mds. Les crédits à caractère d’investissement augmentent de 3,31 % pour atteindre la somme de 9,5 Mds. Les crédits de fonctionnement dont la prépondérance n’a cessé de s’accroître depuis 1969 (sauf en 1974) ont ainsi atteint 69,3 % du budget de la défense, ne laissant que 30,7 % aux dépenses d’investissement.

Soucieux de préserver la valeur du matériel de la Bundeswehr, le ministre de la Défense avait la volonté de ne pas laisser fléchir au-dessous de 30 % la part des investissements. Il a donc atteint son objectif. En particulier, l’effort a été mis dans le domaine aéronautique sur la réalisation des systèmes d’arme MRCA (Multiple Role Combat Aircraft) [NDLR 2024 : Futur Panavia Tornado] et Alpha-Jet. Par contre les crédits alloués à la recherche ont été réduits.

L’austérité est la caractéristique générale de ce budget. Un effort a été fait pour comprimer tour à tour les dépenses d’investissement et de fonctionnement tout en restant dans les limites raisonnables permettant de ne pas sacrifier la sécurité du pays. La recherche d’une coopération de plus en plus étroite avec les États-Unis considérés comme les garants essentiels de cette sécurité conduit le ministre de la Défense à souhaiter la standardisation des matériels et la rationalisation des politiques d’armements à l’intérieur de l’Alliance atlantique.

La Grèce et l’Otan

Le 14 août 1974, peu après l’intervention turque à Chypre, le Gouvernement d’Athènes décidait le retrait des forces armées grecques de l’Otan « à la suite de l’incapacité de l’organisation d’empêcher la Turquie de susciter un conflit entre deux alliés ». Il soulignait le 28 août l’irrévocabilité de cette décision tout en réaffirmant son attachement à l’Alliance atlantique et en marquant son souci d’accorder une attention particulière aux facilités concédées aux États-Unis.

Ces décisions n’ont pas manqué d’inquiéter les partenaires de la Grèce au sein de l’Alliance : ceux-ci redoutaient en effet qu’elles entraînent un affaiblissement de son flanc Sud. Non seulement les forces affectées ou réservées à l’Otan ne dépendraient plus que du commandement national mais un vide stratégique, logistique et technique serait créé du fait de la perte du contrôle de l’espace aérien par l’Otan et des difficultés à prévoir sur le réseau de télécommunications reliant la Turquie à l’Italie via la Grèce.

Immédiatement, la Grèce retirait ses officiers de certains commandements intégrés, en particulier celui du commandement de Landsoutheast (Izmir) en Turquie. En outre, elle cessait d’être représentée au Comité des plans de défense (DPC) et au Groupe de planification nucléaire (NPG), et de participer aux travaux de deux comités subsidiaires de l’Otan.

En fait, les mesures prises par les Grecs, bien que gênantes pour l’Otan, ont été de portée limitée dans le temps : coupures dans les communications entre la Turquie et l’Otan, suspension de la transmission des informations de défense aérienne du secteur grec, interdiction de survol de la zone d’Athènes, annulation ou limitation des exercices prévus en mer Égée.

En revanche, les Grecs demeuraient au Comité militaire et continuaient à participer aux travaux des sous-comités. Très vite, dès la fin septembre 1974, les entretiens entre MM. Luns et Mavros faisaient prendre conscience à Athènes de la gravité et de la complexité des problèmes posés par sa décision de retrait.

Le 5 décembre 1974, dans un mémorandum adressé aux alliés, le Gouvernement hellénique constatait que sa décision du 14 août précédent soulevait « un certain nombre de questions qu’il convenait de régler par un consentement mutuel entre la Grèce et les alliés ». Il se déclarait par ailleurs « prêt à engager les discussions sur ces questions ». Parallèlement, un mémorandum grec était envoyé à Washington et, début février, des négociations entre la Grèce et les États-Unis s’ouvraient à Athènes sur les facilités accordées à la VIe Flotte.

L’hésitation des Grecs à appliquer intégralement leur décision originelle n’a fait que se confirmer au cours des mois suivants :

• Libéré de certaines préoccupations électorales, M. Caramanlis a sans doute recouvré une plus grande liberté d’action du côté de son opinion publique, l’engagement de négociations avec l’Otan et avec les États-Unis lui permettant par ailleurs de gagner du temps.

• L’aboutissement, le 29 avril 1975, de la seconde phase de négociations avec les Américains (renonciation par les États-Unis aux facilités portuaires de la base d’Eleusis et fermeture du port d’Hellenikon) tout autant que le besoin d’une aide des États-Unis pour le maintien du potentiel national de défense ont constitué aussi des facteurs apaisants.

• Enfin, la crainte de voir des pays voisins tirer profit de la défection grecque et le souci de ne pas indisposer les membres de la Communauté économique européenne expliquent la modération du gouvernement hellénique.

À l’occasion du sommet de l’Otan à Bruxelles, le 29 mai 1975, M. Caramanlis a laissé entendre que si les raisons qui ont conduit la Grèce à annoncer son intention de se retirer de l’organisation intégrée disparaissaient, elle pourrait réexaminer sa position. Les négociations avec l’organisation prévues en juin ont été reportées à septembre. Officiellement, la Grèce n’a pas manifesté son intention de réintégrer l’Otan. L’hypothèse de son retour ne peut être cependant totalement exclue. Si elle se vérifiait, elle comblerait les vœux des partenaires de l’Alliance sans heurter la Turquie. En tout cas, elle mettrait un terme aux ambiguïtés d’une position que les membres de l’Otan et notamment Ankara souhaiteraient voir lever.

Soucieuse de marquer son appartenance à l’Occident et de ne pas sacrifier la sécurité du pays, la Grèce, en dépit de sa décision du 14 août 1974, reconsidère avec prudence ses liens avec l’Otan et les États-Unis. Dans le même temps, elle affirme son désir de se rapprocher de l’Europe en demandant son adhésion à la CEE.

Les relations d’Athènes avec l’Otan pourraient donc prochainement évoluer. Il n’en demeure pas moins que cette évolution sera influencée par les réactions de l’opinion publique hellénique encore facilement portée à l’anti-américanisme. ♦


(1) Le commandant adjoint du NORAD est un officier général canadien.
(2) Auxquelles s’ajoute la Région NORAD de l’Alaska.
(3) L’année budgétaire 1975-1976 couvre la période allant du 1er juillet 1975 au 30 septembre 1976. Cette mesure exceptionnelle permettra à partir de 1976 de débuter l’année budgétaire au 1er octobre.
(4) 32,2 milliards de dollars pour quinze mois de l’année budgétaire 1975-1976 contre 17,3 pour douze mois de l’année précédente.
(5) Attaché à la loi de finances pour la Défense pour 1973-1974.
(6) Cet amendement fait obligation au Président de remettre un rapport trimestriel sur cette question. Celui de mai 1975 chiffre les compensations pour 1974 à 2,06 Md $ contre 1,99 Md de déficit.
(7) Les deux premières conférences avaient eu lieu à Genève en 1958 et 1960.

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Été 2025
n° 882

L’Afrique face aux mutations stratégiques

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