Marine - France : chasseurs de mines belgo-franco-néerlandais ; la Marine quitte Diego-Suarez (Madagascar) - Espagne : mise en chantier de deux sous-marins - États-Unis : plan quinquennal pour la Marine - Maroc : lancement d'un patrouilleur - URSS : escale de bâtiments soviétiques à Toulon - Otan : l'exercice Dawn Patrol 1975
France
Chasseurs de mines belgo-franco-néerlandais
La marine royale néerlandaise, la Force navale belge et notre Marine ont signé un accord prévoyant la construction en commun d’un nouveau type de chasseur de mines [NDLR 2024 : « tripartite » (CMT)]. Cette décision qui jette les bases d’une coopération en Europe est d’autant plus importante que de nombreuses marines de guerre dans le monde doivent renouveler ce genre de navire.
À l’origine de cet accord se trouve un projet que la Belgique et les Pays-Bas avaient établi au début des années 1970 ; ces deux pays sont entrés en pourparlers avec la France qui préparait aussi le renouvellement de ses moyens de lutte contre les mines. Les exigences techniques et opérationnelles étant les mêmes, la définition et la construction d’un bâtiment commun présentaient tous les avantages que procurent la standardisation et la production en série.
Ce chasseur de mines sera équipé pour l’essentiel d’un sonar spécialement conçu pour la détection et la localisation des mines et d’une version améliorée du PAP (Poisson autopropulsé). L’engin actuel, qui est télécommandé par fil, est long de 2,70 m, large de 1,50 m et pèse 700 kg. Il est propulsé par deux moteurs électriques latéraux alimentés par une batterie qui le conduisent à la vitesse de 6 nœuds vers sa cible distante d’un maximum de 500 m. Équipé d’une caméra de télévision et d’un projecteur, il envoie l’image de la mine à bord et peut déposer une charge explosive de 100 kg à proximité de celle-ci. Après sa récupération par le bord, la mise de feu de la charge est télécommandée par ultra-sons. Ce système est installé sur les 5 chasseurs de mines du type Circé entrés en service entre 1972 et 1973 et qui ont fait preuve de très grandes qualités dans toutes les opérations auxquelles ils ont participé depuis deux ans, tant sur nos côtes que sur le canal de Suez. Ce système d’arme va être installé d’ici 1977 sur les dragueurs océaniques : Garigliano, Mytho, Cantho, Vinh-Long et Dompaire qui, de ce fait, seront reclassés chasseurs de mines.
La Marine quitte Diégo-Suarez
En accord avec le gouvernement de Tananarive, la Marine nationale a transféré aux autorités navales malgaches les installations de la base de Diégo-Suarez. Le pavillon français qui flottait sur le port depuis plus de 90 ans a été amené pour la dernière fois le 3 juin 1975 aux couleurs du soir en présence de l’Ambassadeur de France à Tananarive et des plus hautes instances militaires et civiles françaises et malgaches.
Cédée à la France par le Traité de 1885, la splendide base de Diégo-Suarez a été peu après fortifiée par le capitaine du génie qui devait devenir plus tard le maréchal Joffre. La présence française y fut sans histoire jusqu’au 5 mai 1942 où elle fut attaquée par les forces britanniques pour prévenir sa chute éventuelle aux mains des Japonais, bien qu’à l’époque ceux-ci fussent bien incapables de s’en emparer, si tant est qu’ils en aient jamais eu l’intention. En réalité, la marine britannique souhaitait disposer dans l’océan Indien d’une base arrière bien outillée pour soutenir ses opérations dans ce théâtre. Écrasée par des forces très supérieures, la base résista héroïquement avant de succomber. Les pertes des deux côtés furent lourdes et cette triste affaire coûta plusieurs vaisseaux à la marine du gouvernement de Vichy. Naturellement la base fut rendue ultérieurement aux autorités françaises.
Espagne : mise en chantier de 2 sous-marins
L’ordre de mise sur cale des deux sous-marins de 1 200 t du type Agosta de la Marine française a été signifié le 12 mai dernier aux chantiers de l’Empresa Nacional Bazan à Carthagène. Ces deux bâtiments seront construits comme l’ont été les quatre sous-marins de 870 t, classe Delfin, réplique de notre type Daphné, avec l’aide technique de la France. Le protocole d’accord pour la construction de ces deux sous-marins avait été signé le 6 février 1974 entre la Direction technique des constructions navales (DTCN) et la marine espagnole.
États-Unis : plan quinquennal pour la marine
Lors de la présentation du projet de budget de la marine pour l’année 1976, la Commission des forces armées du Congrès avait recommandé à la marine de présenter des plans de 5 ans en matière de construction navale, cette formule lui paraissant plus réaliste et plus conforme à une bonne répartition des crédits alloués que la méthode jusque-là en vigueur.
L’US Navy a récemment présenté son projet qui fait l’objet de l’exposé ci-dessous.
Ce plan quinquennal, couvrant les années 1976 à 1980 incluses, fait apparaître que l’US Navy ne poursuivra pas la construction des croiseurs CGN de 10 000 t à propulsion nucléaire après le dernier – 5e de la classe Virginia (CGN 42) – inscrit à la FY 1976. Pour prendre la suite de ces bâtiments, la marine américaine souhaite entreprendre la construction d’un croiseur beaucoup plus puissant également atomique qu’elle a déjà baptisé CSGN et qui serait utilisé pour assurer le contrôle des mers dans les zones où la menace est la plus sévère [NDLR 2024 : projet annulé fin 1976]. Ce bâtiment qui déplacerait de 15 000 à 20 000 t, mettrait en œuvre des hélicoptères anti-sous-marins (ASM) ainsi que des Avions à décollage court ou vertical (Adac/v). Son armement, outre des missiles antiaériens, comprendrait le missile antisurface Harpoon ainsi qu’un missile de croisière à longue portée, le SLCM. Ce SLCM (Submarine Launched Cruise Missile), en cours de développement, a été étudié pour être lancé à partir des tubes lance-torpilles d’un sous-marin. Sa portée sera de 2 000 nautiques et il pourra être doté d’une ogive nucléaire. Dans la version destinée au futur croiseur, la portée sera ramenée à 300 Nq. Il pourra être utilisé au-delà de l’horizon contre des objectifs navals aussi bien que terrestres. Sa charge militaire sera classique ou nucléaire.
Ce plan montre également que la marine américaine souhaite que le Congrès autorise dès 1978, puis en 1980, la mise en chantier des deux porte-avions de 50 000 t, type CVX, destinés à remplacer avant 1985 les deux plus vieux Forrestal (75 000 t) actuellement en service.
Ce programme quinquennal montre aussi que l’US Navy a renoncé, momentanément tout au moins, aux 16 destroyers à propulsion nucléaire de 6 000 t, du type DGX, qu’elle souhaitait construire pour remplacer les destroyers lance-missiles de 4 500 t de la classe Ch. Adams, atteints par la limite d’âge, mais qu’elle accorde une très grande priorité au programme Patrol Frigates.
S’il ne subit pas de retouches, entre-temps, ce dernier programme permettrait à l’US Navy de disposer, avec les unités déjà en construction ou commandées, d’un total de 56 bâtiments vers 1983-1984.
Le prototype de ces frégates, le FG 109 Oliver Hazard Perry ; inscrit à la FY 1973, a été récemment mis sur cale aux Bath Iron Works à Bath dans le Maine. Ses caractéristiques principales sont :
– Déplacement : 3 400 t.
– Vitesse maximale : 28,5 nœuds assurée par 2 turbines à gaz totalisant 40 000 CV et agissant sur une seule hélice à pas variable et réversible.
– Un armement principal à base de missiles antisurface et antiaériens avec 2 hélicoptères ASM.
– Un sonar panoramique de coque à moyenne fréquence et un système d’écoute passive remorqué.
– Un équipage réduit : 176 hommes.
La construction des trois unités suivantes inscrites au programme de la FY 1975 ne sera entreprise qu’après les essais de ce prototype. Cela, certes, retardera le démarrage du programme mais évitera de faire les modifications coûteuses et non prévues qui pourraient intervenir pendant la fabrication en série des bâtiments.
Le V/STOL Support Ship, inscrit au plan, n’est autre qu’une version améliorée du Sea Control Ship, ce petit porte-aéronefs bon marché que la marine souhaite construire mais pour lequel le Congrès a refusé jusqu’ici tous crédits. Ce VSS serait muni de catapultes et de brins d’arrêt, et pourrait mettre en œuvre des avions ASM type Lockheed S-3 Viking, des hélicoptères et, bien entendu, des Adac/v.
Pour ce qui concerne les sous-marins stratégiques, la marine a décidé d’étaler le programme des SSBN de 18 000 t du type Trident en mettant en chantier un bâtiment les années paires et deux les années impaires. En contrepartie, elle étudie la possibilité d’installer le missile Trident (4 000 nautiques de portée – 17 têtes MIRV) à bord des SNLE, classe Lafayette, équipés du système Poseidon (2 500 Nq de portée - 10 têtes MIRV). Des crédits pour la conversion d’un premier bâtiment seront demandés à la FY 1979 puis chaque année pour la transformation de 3 sous-marins de façon qu’il y ait 10 Lafayette équipés du Trident vers 1983-1985.
Quant aux Sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), le programme quinquennal proposé par la marine lui permettrait de disposer au début de la décennie 1980 de 38 unités rapides du type Los Angeles (6 000 t - 40 nœuds). 26 ont déjà été commandés et les 12 premiers seront admis au service actif avant la fin de l’année 1977.
Maroc : lancement d’un patrouilleur
L’El Wacil, premier des 6 petits patrouilleurs de 89 tonnes pleine charge (tpc) que le gouvernement marocain a commandés aux Constructions mécaniques de Cherbourg, a été mis à l’eau le 12 juin dernier. L’El Jail le sera le 10 octobre et l’El Mikdam le 1er décembre prochain. Les 3 derniers patrouilleurs seront lancés en février, avril et juin 1976.
URSS : escale de bâtiments soviétiques à Toulon
En échange de la visite que le croiseur lance-missiles Colbert et l’escorteur Le Lorrain ont effectuée du 2 au 6 juin 1975 à Leningrad, le croiseur de commandement Jdanov et le destroyer lance-missiles Krasnyi Krim ont séjourné à Toulon du 3 au 7 juillet 1975. L’escale s’est déroulée dans une bonne ambiance.
Otan : l’exercice Dawn Patrol 1975
Cet important exercice interallié s’est déroulé du 17 au 29 juin 1975 en Méditerranée centrale. Plusieurs dizaines de bâtiments américains, britanniques et italiens y ont pris part, de même que des aéronefs embarqués et des avions de patrouille maritime appartenant à l’US Navy, la RAF et l’aviation militaire italienne. ♦