Défense dans le monde - Le différend entre le Sénégal et la Mauritanie
Née le 9 avril 1989 d’un incident mineur, mais découlant de causes profondes, la tension entre le Sénégal et la Mauritanie dure depuis près d’un an. Les conséquences en sont considérables pour les populations directement concernées, mais aussi pour les deux États. Si un conflit est heureusement à exclure, aucune solution n’est en vue.
Idéologies et difficultés économiques
Le fleuve Sénégal, qui représente sur 800 kilomètres la frontière entre l’État du même nom et la Mauritanie, est aussi une ligne de contact entre deux mondes : africain blanc (« beidane »), nomade, au nord, négro-africain, sédentaire, au sud. Bien que de largeur respectable, il n’a jamais représenté nettement une coupure entre ces deux mondes. Les échanges entre Mauritanie et Sénégal ont toujours été nombreux. Ses eaux sont source de vie et ses rives beaucoup plus densément peuplées que le reste des pays qu’il traverse.
Sans doute un peu plus de la moitié de la population mauritanienne (2 millions de personnes) est d’origine négro-africaine. Cette communauté est de nature très diverse selon son origine, son implantation et ses occupations. Les Haratines ou descendants d’esclaves sont fondus dans la population « beidane » où ils ont un statut très modeste. De forts groupes de Noirs du sud du fleuve (Ouolofs, Toucouleurs, Peulhs, Sarakollés…) se sont établis depuis longtemps au bord de celui-ci comme pasteurs ou comme cultivateurs, souvent pour le compte d’un propriétaire maure. Cet établissement se faisait sans aucune formalité au temps de la présence française (durant laquelle Saint-Louis, ville sur le fleuve, a été longtemps capitale commune du Sénégal et de la Mauritanie).
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