Armée de terre - La logistique de Daguet
« Le désert est le paradis des tacticiens mais l’enfer des logisticiens ». Cette maxime que l’on prête au maréchal Rommel trouve tout son sens dans le désert saoudien depuis le début de l’opération Daguet.
C’est dans la Cité du roi Khaled (CRK) à 500 kilomètres au nord de Riyad que se situe le poumon de l’opération : le groupement de soutien logistique avant, qui permet de maintenir jour après jour en état de combattre une division entière éloignée de près de 5 000 km de la France. Cela dans un environnement hostile où le soleil s’allie au sable poussiéreux et aux rafales de vent pour s’opposer à la moindre velléité de vie.
50 km au nord-ouest de CRK, s’étale sur plusieurs kilomètres dans un coin de désert désigné sous le nom de code de « Miramar » le dispositif français : près de 8 000 hommes qu’il faut désaltérer, vêtir, héberger, ravitailler en munitions et si besoin soigner.
L’eau : un problème crucial
L’eau est le souci numéro un. Chaque homme en boit quotidiennement 6 litres, soit pour l’ensemble de la division environ 40 000 L par jour. Fin décembre, 11 000 cartons de 12 bouteilles ont été consommés sans compter les quantités moindres de jus de fruit qui améliorent l’ordinaire. Des chiffres qui donnent la mesure du défi quotidien relevé par le soutien. Le problème de l’eau dite « hygiénique » est encore plus aigu : chaque homme en utilise chaque jour 40 L.
La nourriture engendre d’autres difficultés. Des bouchées doubles sont consacrées au remplacement des plats à base de porc, interdits de séjour sur terre musulmane. L’apparition au repas du pain frais a incontestablement amélioré le moral des troupes. Une boulangerie de campagne implantée à CRK fabrique chaque nuit plus de 3 000 pains de 800 grammes.
Munitions et entretiens
L’arrivée du 11e Régiment d’artillerie de Marine (RAMa) et de ses 18 canons de 155 accapare 80 % des besoins de transport en munitions. Il faut alimenter en essence près de 2 500 véhicules. Certes, les carburants sont fournis par l’Arabie Saoudite. Il reste cependant à les acheminer jusqu’aux premières lignes afin de donner aux unités une autonomie de combat suffisante. Sans combattre, la division a consommé fin décembre environ 100 mètres cubes de carburants par jour.
Les conditions climatiques augmentent les ratios d’heures d’entretien en raison notamment de la poudre sableuse qui s’infiltre partout. Une heure de vol de Gazelle entraîne 4 heures d’intervention d’un mécanicien (20 heures pour un Puma). À lui seul, l’atelier principal du 6e Régiment de commandement et de soutien (RCS) mobilise nuit et jour plus d’une centaine de mécaniciens.
L’opération Daguet représente pour l’Armée de terre 10 000 références de pièces détachées. C’est à Yambu, à 3 jours de route de la Cité du roi Khaled qu’est centralisée la gestion des stocks. Les installations y sont surdimensionnées. Le principal hangar permet d’accueillir 1 000 h, un autre d’entreposer 6 000 t de matériels.
Fin décembre 1990, 20 navires et 95 avions gros-porteurs avaient déchargé leurs cargaisons à Yambu afin qu’elles soient ensuite acheminées vers la CRK par C-160 Transall, par C-130 Hercule ou par convois routiers qui s’étendent parfois sur 150 km.
Yambu est la pièce maîtresse du système informatique qui permet de gérer en temps réel les stocks. Les ordres partent des terminaux installés dans des conteneurs climatisés installés sur camions capables de se déplacer avec le front. Ensuite, de Yambu, les commandes sont transmises par satellite vers la France.
Certes, l’infrastructure saoudienne facilite grandement la tâche des logisticiens français. Reste que 25 % des effectifs de l’opération Daguet se consacrent au soutien ; un quota cependant inférieur à celui des troupes britanniques ou américaines, qui avoisine 30 %.
Alain Lavère
Les premiers Véhicules blindés légers (VBL) sortent des usines Panhard
Le 18 décembre 1990, la société Panhard, conjointement avec la Délégation générale pour l’armement (DGA) et l’État-major des Armées (EMA), présentait sur les pistes de Satory les premiers VBL.
Engin blindé léger (3,75 t), rapide (95 km/h) et discret, il est aussi amphibie, hélitransportable et protégé contre les agressions chimiques.
Deux types principaux de missions sont prévus :
– missions de reconnaissance et sûreté au profit des unités blindées ;
– actions autonomes d’éclairage et de combat sur tous les théâtres d’opérations.
D’autres missions peuvent lui être attribuées :
– surveillance du terrain (radar) ;
– action antichar ;
– appui feu.
Une première commande de 569 VBL a été enregistrée, une seconde devrait suivre pour une quantité totale de 1 214 matériels.
Déjà un certain nombre de pays étrangers s’intéressent à cet engin sans équivalent dans sa catégorie actuellement.