Asie - Chine : la difficile succession de Deng Xiaoping
Comme chaque année à l’occasion du nouvel an chinois, Deng Xiaoping est sorti de sa retraite et s’est montré à Shanghai. Ceux qui ont pu le voir à la télévision ou dans les journaux auront été frappés par l’état d’extrême délabrement physique du chef incontesté du quart de l’humanité. Même si sa famille mentionne régulièrement sa bonne santé, il ne fait pas de doute que l’annonce de son décès fera bientôt crépiter les téléscripteurs du monde entier [NDLR 2025 : il décédera en février 1997]. Plus que jamais se pose la question de savoir qui contrôlera le pouvoir après sa mort.
Après les événements tragiques de Tiananmen et la mise en résidence surveillée du secrétaire général du Parti communiste chinois Zhao Ziyang, les conservateurs avaient repris le pas sur les réformateurs. En plus d’une remise dans le droit chemin des rêveurs de liberté, leur action s’était caractérisée par un gel des réformes économiques. Or, Deng Xiaoping veut absolument, avant de disparaître, voir le fruit de son plan des quatre modernisations lancé en 1978. Sorti de sa retraite en janvier 1992 pour une tournée dans les zones économiques spéciales, fer de lance de l’ouverture de la Chine, il avait vigoureusement exigé la reprise de la croissance à un taux supérieur à 10 %, puis forcé les responsables du parti et du gouvernement à se soumettre ou à se démettre. Petit à petit, volontaires ou obligées, les résistances sont tombées et les caciques du régime ont, les uns après les autres, fait allégeance. C’est ainsi qu’en octobre 1992, à l’occasion du XIVe congrès du Parti communiste chinois (PCC), la Chine s’est fixé d’instaurer une économie socialiste de marché ; Deng Xiaoping a alors soumis son pays à un électrochoc, le projetant dans des turbulences qui secouent la société tout entière.
Un échec serait grave de conséquences sociales et politiques. Son succès même risque de créer des inégalités, du chômage et des laissés-pour-compte, comme le montre l’agitation régnant dans les campagnes. Ceux qui se sont ouvertement opposés à la nouvelle orientation ont été écartés, d’autres, beaucoup plus nombreux, ne la suivent que contraints et forcés. Les responsables provinciaux qui ont vu leurs pouvoirs réduits, notamment concernant les investissements dans le programme gouvernemental destiné à refroidir la surchauffe de la machine économique à partir de juin 1993, attendent le moment propice pour reconquérir la part d’autonomie concédée à contrecœur.
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