Une force terrestre expéditionnaire en « intervention » doit se modeler rapidement dans un milieu physique nouveau et comprendre l’histoire et les marqueurs culturels de l’environnement humain dans lequel elle plonge subitement. Elle doit également prendre très vite en compte la culture tactique et les modes d’action d’un adversaire implanté depuis toujours.

Dans cet esprit, début janvier 2013, le Centre de doctrine d’emploi des forces de l’Armée de terre a mis à la disposition des forces terrestres engagées dans l’opération Serval deux documents. Le premier, Les rébellions touarègues au Sahel ⁽¹⁾, est une analyse venant apporter des éclairages historiques et géographiques sur une clef de compréhension fondamentale de la zone saharo-sahélienne : la question touarègue, devenue structurelle au Sahel depuis le découpage colonial. Ce document revient sur les rébellions touarègues et leur parasitage par les mouvements djihadistes depuis une décennie. Il en présente aussi les modes d’action militaires. Le second est un manuel baptisé Doctrine d’emploi des forces terrestres en zones désertique et semi-désertique ⁽²⁾ qui énonce les principes tactiques destinés à guider l’action du chef militaire dans ce milieu particulièrement exigeant.

Cet article se propose de passer ces principes au crible de l’emploi des forces au cours de l’opération Serval. Il a été conçu pour prendre en compte tout l’éventail des engagements des forces terrestres françaises possibles (adversaire irrégulier ou de nature conventionnelle). C’est bien l’adversaire irrégulier qui nous intéresse ici.