Le 7 septembre 2013, la Marine nationale a intercepté au large de l’Algérie, sur renseignement transmis par les douanes, le navire marchand LUNA-S avec 22 tonnes de cannabis à son bord. Cette saisie record illustre la montée en puissance d’un nouvel axe de la drogue en Méditerranée. L’évolution des filières des trafics de drogue en Afrique et la fragilisation des pays européens, notamment à l’Est du continent provoquent actuellement l’émergence de nouvelles routes de la drogue en mer Méditerranée. Afin d’être le plus efficace dans la lutte contre ce fléau, les marines européennes pourraient désormais concentrer prioritairement leurs efforts dans cette région, notamment en Méditerranée orientale. La création d’une Task Force maritime chargée de renforcer la surveillance des frontières européennes les plus fragilisées pourrait-elle à ce titre, être une contribution efficace des marines de l’Union à la lutte contre les trafics de drogue ?

Des nouveaux axes de trafic

L’intervention française au Nord-Mali au début de l’année 2013 dans le cadre de l’opération Serval, a incité les trafiquants de cannabis d’Afrique du Nord, souvent implantés au Maroc et en Mauritanie, à utiliser de nouvelles voies d’acheminement de leurs produits stupéfiants à destination des marchés de l’Est et surtout du nord de la Méditerranée.

En effet, si la route traditionnelle vers l’Europe traversant l’Espagne est inchangée et demeure particulièrement surveillée, la filière alternative traversant le Sahel par le nord du Mali à destination de la Libye et de l’Égypte, pays affaiblis par les Printemps arabes de 2011, est devenue moins praticable en raison de la présence des militaires français et africains, notamment ceux de l’opération Serval. Dès lors, l’interception du LUNA-S, le 7 septembre 2013 au large de l’Algérie, illustre l’évolution récente des trafics de drogue entre l’Afrique et l’Europe. En effet, cette opération n’est que la dernière en date d’une série de saisies records depuis l’opération Serval, car elle fait suite à deux autres actions similaires qui ont été menées par la marine italienne ⁽¹⁾ sur des vraquiers provenant du Maroc à destination de la Libye et de l’Égypte. Ces saisies sont autant d’indices qui démontrent que les trafics transitent actuellement de manière conséquente par voie maritime de l’ouest vers l’est de l’Afrique du Nord, avant de repartir vers le Moyen-Orient et vers les pays européens.