L’environnement stratégique de l’Europe est en plein bouleversement. À l’Est, des frontières reconnues par la communauté internationale ne sont plus respectées. Des territoires entiers sont occupés par la force militaire. Au Sud, au Proche-Orient, des guerres transnationales, qu’on hésite à appeler des guerres « civiles », ravagent des régions entières, tuent des milliers de personnes, chassent des millions de familles de leurs foyers, déstabilisent des États et des sociétés. En Afrique du Nord, des États et des sociétés se fragilisent et font l’objet d’insurrections. À l’Ouest, le lien transatlantique, base de la sécurité, de la paix et de la prospérité en Europe, a besoin de rénovation.

Dans ce contexte, le rôle de l’Europe est à redéfinir. La Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l’UE n’existe pratiquement pas. Les Européens n’ont pas d’ambitions communes que ce soit par manque de volonté politique, par manque de capacités militaires et diplomatiques ou par manque de compréhension, même de connaissance des uns et des autres.

Ainsi, les Européens sont confrontés à un paradoxe qui est, en quelque sorte, surprenant. En effet, dans ce monde de globalisation économique, l’approfondissement de l’intégration européenne dans le domaine économique et monétaire s’impose davantage et elle se fait. En la matière, l’Union européenne est, dans les faits, un acteur international qui compte. En cette période de contraintes budgétaires, les nations européennes confirment en même temps la nécessité de « mutualiser » leurs idées et leurs moyens de défendre les intérêts européens au niveau global.