Selon des informations de presse du 4 février 1976, les 10 membres européens de l'Organisation militaire de l'Otan et la France, réunis à Rome, ont mis sur pied un groupe indépendant chargé d'harmoniser les plans d'équipement militaire à l'échelle européenne. La France semble confirmer ainsi deux positions anciennes : volonté de coopération européenne et refus d'adhésion à l'Eurogroupe, « inféodé à l'Otan ». Si ce nouveau groupe est effectivement maintenu hors de l'orbite de l'Otan, ce fait nouveau peut marquer un pas en avant sur l'indépendance européenne ; néanmoins, celle-ci ne saurait être atteinte qu’au sein du seul cadre internationalement légal : l'Union de l'Europe occidentale (UEO). Telle est la conclusion à laquelle conduit logiquement cette étude de l'UEO dont l'auteur a été pendant huit ans le secrétaire général adjoint.
L'Union de l'Europe occidentale (UEO) et la défense de l'Europe
Le Traité de Bruxelles de 1948, modifié et complété en 1954 par les Accords de Paris, est, selon sa définition officielle, un « traité de collaboration en matière économique, sociale et culturelle et de légitime défense collective ». À quoi doivent s’ajouter l’ambition explicite de promouvoir l’unité et d’encourager l’intégration progressive de l’Europe et le souci de favoriser la compréhension des principes qui sont à la base de la civilisation des pays signataires, à savoir une éthique humaniste, fondée sur la liberté (1). La transposition dans les faits des principes ainsi énoncés aurait dû, logiquement, faire de l’Union de l’Europe Occidentale, organisation internationale qui en est issue, une institution à compétence pratiquement universelle.
Or, dès 1949, l’OECE, créée pour l’exécution du Plan Marshall, puis en 1958-1959 le Marché commun l’ont dépouillée de ses compétences économiques. En 1950-1951, elle a vu la plus grande part de ses missions militaires transférées à l’OTAN et en 1961 le Conseil de l’Europe a attiré à lui l’exercice de ses attributions en matière sociale et culturelle.
Ainsi, qui voudrait aujourd’hui décrire l’état dans lequel se trouve l’Organisation pourrait, très schématiquement, le faire de la façon suivante. L’UEO demeure qualifiée pour traiter de politique générale en relation avec les problèmes de défense ; son assemblée parlementaire est seule compétente pour discuter « les problèmes de défense d’un caractère européen international », mais ne cesse de déplorer d’avoir trop peu d’audience auprès du Conseil des ministres, bien que ses travaux soient reconnus unanimement comme étant de très remarquable qualité ; son Conseil, depuis deux ans, ne tient qu’une réunion annuelle et déclare traiter ailleurs qu’en son sein « dans des conditions entièrement satisfaisantes » des questions qui intéressent directement l’Organisation ; il ne dispose, au reste, que de compétences limitées ; son Secrétariat général demeure depuis le 1er octobre 1974 sans titulaire : l’Agence pour le contrôle des armements — selon l’Assemblée — n’a pas les moyens d’exercer complètement ses missions ; le Comité permanent des armements, pratiquement abandonné pendant de longues années des gouvernements membres et même mis en question par l’élargissement ou la création — du fait de ses propres participants — d’organismes extérieurs, attend depuis le début de 1973 « de nouveaux développements sur la question de sa réactivation ».
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