Depuis longtemps, il existe des bibliothèques entières sur les organisations syndicales ouvrières en France, mais à peu près rien sur les organisations patronales si l’on excepte – ô paradoxe – l’ouvrage d’un auteur américain paru en 1957 (Organized Business in France par Henry Ehrmann). Dissymétrie surprenante et difficilement explicable dans une société demeurée capitaliste. Tient-elle à un manque d’intérêt ou aux obstacles, difficilement franchissables, du secret ?

Cette lacune vient d’être heureusement comblée grâce à la publication presque concomitante de deux ouvrages qui traitent du même sujet, mais avec une approche différente. Georges Lefranc, bien connu déjà pour ses nombreuses fresques sociales, nous livre le fruit de ses patientes et longues recherches. Quant à Bernard Brizay, un jeune et brillant journaliste, l’idée d’écrire un ouvrage sur le patronat lui a été récemment suggérée par Jacques Delors.

C’est l’aspect historique qui a surtout retenu l’intérêt de Georges Lefranc. Les deux premières parties qui représentent plus de la moitié de son gros ouvrage décrivent minutieusement l’évolution des institutions patronales depuis leur origine. La troisième partie dont le titre « dissonances et confluences » rend bien compte de leur extraordinaire diversité analyse les différents groupements et tendances qui constituent la trame de l’organisation actuelle.

Chez Bernard Brizay, la partie historique est beaucoup plus sommaire, mais suffisante pour l’information d’un lecteur pressé. En revanche, de plus longs développements, clairs et précis, sont consacrés à la description des services de l’Avenue Pierre I^er de Serbie. L’ouvrage se termine sur quelques vues d’avenir.

Il est heureux que ces deux excellents livres – on regrettera simplement dans l’ouvrage de Georges Lefranc de trop nombreuses erreurs dans l’orthographe des noms propres – aient pu lever le voile sur un milieu qui, malgré l’importance de son poids économique et politique, est resté trop longtemps mystérieux. ♦