Édité en format de poche, bénéficiant d’une présentation très soignée et de nombreuses illustrations intelligemment choisies, ce petit livre dense, documenté et cependant facile à lire, est une incontestable réussite dans une collection qui se distingue par son dynamisme.

Québécois lui-même et spécialiste des sciences de l’homme, Marcel Rioux avait toutes les compétences voulues pour nous présenter ce qu’il appelle un « portrait ethnographique » de ses compatriotes. Il le fait sans complaisance, mais avec une profonde compréhension du destin somme toute tragique de ce groupe humain qui, malgré son extraordinaire vitalité, n’a su s’affirmer que parce qu’il s’est volontairement enfermé dans un isolement qui a fait son originalité, mais dont il ne sait plus comment sortir aujourd’hui. Car l’époque de Maria Chapdelaine est bien révolue. Les Canadiens français ne savent plus comment rester eux-mêmes, ni même comment survivre au milieu du nouveau système de forces créé par l’envahissement du capitalisme anglo-saxon et les séductions de l’American Way of Life. C’est pour encourager les Québécois à exorciser ces forces, bien plus que pour leur proposer un programme politique irréaliste que le général de Gaulle a prononcé sa fameuse incantation : « Vive le Québec libre ! » Il les invitait par là à « ne pas accepter la fausse sécurité qu’offre la protection des grands frères, ni la pitance assurée des jardins zoologiques ».

Un livre très attachant et qui surprendra bien des Français qui n’ont pas eu l’occasion de se rendre attentifs aux transformations radicales que connaît le Québec depuis la « révolution tranquille » des années 1960. ♦