Le petit livre que vient de publier l’amiral Muselier est, il nous l’annonce lui-même, l’esquisse d’une œuvre plus importante, en deux volumes, où l’auteur a l’intention de décrire sa vie très agitée « entièrement consacrée au service de la France », mais qui ne paraîtra, dit-il, « que lorsque les circonstances seront plus opportunes ». La préface de cette publication n’a guère que 150 pages.

Elle décrit les aventures de l’amiral Muselier au moment de la mobilisation et au début de la Libération, dans la période décisive où, aux côtés du général de Gaulle à Londres, il jeta les fondements de l’organisation des Forces libres de la Marine. Ce sera donc une contribution fort utile à une histoire générale de la Libération, et nous voyons, une fois de plus, à quelles difficultés de tous ordres se heurtèrent ces premiers organisateurs de la victoire, aussi bien sur terre que sur mer. Les incidents pittoresques, qui auraient pu devenir dramatiques, ne manquèrent, d’ailleurs, pas à cette partie de la carrière de l’amiral Muselier, comme il ressort d’un chapitre intitulé : « Mes prisons anglaises », où il fut manifestement victime d’erreurs policières londoniennes.

Fort intéressants sont les détails qu’il nous donne sur les premières mesures destinées à donner aux Forces libres de la Marine, et leur pavillon à croix de Lorraine, et des cadres, ainsi qu’un entraînement suffisant. Le débarquement à Saint-Pierre-et-Miquelon est également une jolie page d’initiative et d’audace. Quelques documents importants pour l’histoire de la Marine de la Libération sont publiés en appendice.