L’Afrique, berceau de l’homme, a été aussi le théâtre de sa maturité, et dans sa longue histoire la période coloniale n’a guère été qu’une péripétie. À présent que l’Europe s’en va et que tous ces pays nouveau-nés secouent leurs tutelles, le fond africain va réapparaître. Quelles sont donc les bases de cette civilisation ?

Des religions d’abord, dont tout le continent a eu un énorme appétit et dont il a fait une consommation considérable ; des relations interraciales étonnamment pacifiques dans une ethnie bicolore ; la symbiose de deux littératures, écrite en Islam, orale dans « l’Afrique sans livres » ; un art original où s’exprime le besoin de recréer l’homme ; des rites guerriers, initiatiques ; la place donnée aux femmes dans une société souvent polygame.

L’on comprendra mieux l’importance de ce dernier chapitre lorsqu’on saura que Galbraith Welch est une femme. Voyageuse intrépide, en bonne Américaine, elle a exploré l’Afrique et son histoire avec la même avide curiosité et la même souriante candeur. Elle a feuilleté tous les guides, lu tous les chroniqueurs, interrogé tous les spécialistes. Elle a flâné dans tous les souks, écouté les conteurs et elle a bien du mal parfois à contenir dans le cadre de son sujet le troupeau turbulent de ses connaissances.

Mais l’incidente est ici anecdote, référence là, ailleurs réflexion personnelle où l’humour le dispute au bon sens. L’Afrique avant la colonisation est certes un ouvrage d’érudition. Il est aussi le thème de cent mémoires, le sujet d’autant de romans à notre imagination proposés.

La « pendule Africaine » est restée en avance jusqu’au Moyen-Âge, nous dit l’auteur de ce livre. Elle a retardé depuis, mais, capricieuse, elle pourrait bien se remettre à l’heure. Il n’est pas impossible en effet que cette Afrique qui s’est reposée pendant que nous travaillions comme des forcenés, sorte un jour de son sommeil pour étonner un monde fatigué. Le seul reproche sérieux que l’on puisse faire à Galbraith Welch, c’est de ne pas essayer de nous expliquer comment. ♦