L’évolution des conditions de la vie courante et celle de la civilisation feront éclater à bref délai les cadres traditionnels et institutionnels dans lesquels nous vivons. La réforme des communes est indispensable ; telles qu’elles existent, elles ne correspondent plus à ce qu’en attendent les hommes dont le niveau de vie et l’horizon culturel s’élèvent et s’élargissent ; il n’en résulte pas que la nouvelle solution s’impose ; celle-ci exige des études approfondies, de caractère technique, en même temps qu’une perception très fine des besoins véritables des hommes. Le but de l’ouvrage de Paul Bernard est de fournir les éléments sur ces deux plans.

Nous ne nous arrêterons pas ici au détail de cette minutieuse étude bien documentée, clairement argumentée, et dans laquelle les responsables et les simples citoyens trouveront largement matière à percevoir plus nettement les conditions et les possibilités des réalisations désirables. Nous remarquerons seulement que dans toutes les fonctions retenues par l’auteur pour caractériser la communauté urbaine ou rurale, ne figure point la fonction de défense, pourtant capitale elle aussi, d’autant plus qu’il est plus nécessaire de lui donner une définition nouvelle accordée au monde d’aujourd’hui et de demain.

Nous retenons essentiellement deux notions qui paraissent à la fois justes et fructueuses. La première est celle de la promotion de la commune au niveau où viennent se combiner la nécessaire autorité institutionnelle de l’État et la non moins nécessaire autonomie de la communauté vivante et responsable d’elle-même. La seconde, celle de l’adaptation aux conditions locales de l’organisation communale, qu’il s’agisse des dimensions territoriales ou de l’articulation harmonieuse des structures internes. Ce double impératif conduira vraisemblablement, dans bien des cas, à des contradictions qu’il sera indispensable de résoudre par des compromis étudiés qui seront autant de risques calculés. Il impose aussi une conception fluide d’une réforme communale efficace, à partir de laquelle des variantes pourront être admises et réalisées. Loin de se présenter comme un ensemble de règles cartésiennes, la réforme souhaitable nous semble devoir être à la fois inspirée par des principes simples et clairs, mais aussi par des modalités d’application d’une extrême souplesse.

C’est une tâche difficile et exaltante. Le livre de Paul Bernard offre une excellente « base de départ » pour ceux qui voudront la tenter. Il inaugure d’autre part, brillamment, une nouvelle section d’une collection riche d’ouvrages de valeur et fait bien présager des études qui le suivront.