La présentation très habile fait que le lecteur est pris, au fil des pages, par une attente comparable à celle que vécurent les Conventionnels au fil des heures, alors qu’ils se succédaient à la tribune pour se prononcer sur la peine à infliger au Roi, déjà reconnu coupable à la majorité. On se prend, en effet, tout instruit que l’on soit sur l’issue du procès, à suivre la progression des votes et à comparer les chiffres de ceux qui demandaient la clémence et de ceux qui exigeaient la mort immédiate. L’indécision dura jusqu’à ce que les députés du dernier département appelé se fussent enfin prononcés. La mort du Roi fut décidée à la majorité absolue, sans une voix de plus.

L’auteur a évité la monotonie du récit, qui ne porte que sur la séance interminable pendant laquelle chacun des 720 Conventionnels présents monta à la tribune pour exprimer son vote et l’expliquer parfois. Il décrit les plus célèbres ou les plus pittoresques d’entre eux, relate leur déclaration et fait ainsi sentir au lecteur à la fois la longueur de la séance et l’émotion des participants.

Dans une seconde partie de son ouvrage, Arthur Conte résume en une courte note la destinée de chacun des votants ; ce n’est peut-être pas la partie la moins intéressante de cet épais volume, car elle révèle, à côté de destins tragiques, des aventures humaines variées, désolantes, aventureuses ou platement bourgeoises.

Un tel livre, outre qu’il donne des renseignements d’une précision qu’il serait difficile et certainement même impossible de retrouver ailleurs, est une source de réflexions sur d’innombrables sujets. L’auteur les suggère, mais ne les développe pas, laissant aux lecteurs le soin de les faire à sa guise à partir du récit objectif des événements.

Arthur Conte a déjà écrit plusieurs ouvrages historiques qui ont eu du succès. Celui-ci est à notre avis le meilleur.