Le court passage de Pierre Mendès-France à la tête du gouvernement, du 19 juin 1954 au 6 février 1955, donne l’occasion à l’auteur d’écrire ce livre épais dans lequel la politique suivie alors est hautement approuvée et chaleureusement commentée. La matière ne manquait pas, qu’il s’agisse du règlement de la guerre d’Indochine, de la Communauté européenne de défense (CED), de la Tunisie et de la naissante guerre d’Algérie.

Pierre Rouanet l’exploite avec minutie, accumulant les détails à l’appui de la thèse qu’il soutient, sans perdre d’ailleurs le lecteur dans un exposé qui, bien que long, reste clair.

Sur des sujets aussi récents, et dont plusieurs restent encore d’actualité, le lecteur peut se sentir entièrement d’accord tout autant qu’il peut manifester des réticences ou présenter une opinion contraire. Cela est inévitable. Il s’agit ici d’une démonstration de l’opportunité de la politique suivie à l’époque par un homme « de gauche ». L’auteur s’efforce d’apporter par de nombreux témoignages la preuve que cette politique avait l’appui de nombreux chefs militaires exerçant de hautes fonctions de responsabilité.

Le lecteur lira donc ce livre en portant sur lui un jugement personnel qui devra s’inspirer du léger recul du temps et de la connaissance des faits qui se sont déroulés après la chute de Pierre Mendès-France, et non des sentiments qui pouvaient l’animer à l’époque des événements racontés. Il y trouvera certainement, quelles que soient ses réactions, un grand intérêt, qui provient sans doute de ce que ce volume est une défense non déguisée de la politique suivie, et non un ouvrage à caractère historique ; il est donc un document à verser au dossier d’une année qui fut particulièrement lourde pour notre pays. ♦