Le titre de cet ouvrage est trompeur, car il peut laisser croire à un exposé de géographie courante, établi suivant les normes habituelles. Il n’en est rien. L’auteur traite essentiellement de la géographie humaine, plus exactement encore, de certaines parties de la géographie humaine, dont l’ensemble et la somme ne sauraient constituer vraiment une géographie de la France.

Ceci dit reconnaissons tout de suite que le travail de Philippe Pinchemel est d’un grand intérêt. Il fournit, sur des questions dont dépend l’avenir de notre pays, des données toutes récentes, en les expliquant par leurs causalités sociologiques et historiques autant et davantage que proprement géographiques.

Un pays se présente, à partir de conditions physiques résultant de son relief, de la nature de son sol, de son climat, tel que l’ont fait les hommes qui l’ont habité. À l’époque des prévisions planifiées, il est logique de penser que l’aménagement du territoire doit être basé sur des estimations scientifiques synthétisant ce qui a été, est et doit être. La géographie est une science de synthèse et d’application, fournissant aux instances de décision les éléments d’un choix en les avertissant des conséquences de chacune des options possibles, mais en restant objective et sans les inciter à s’arrêter à une solution plutôt qu’à une autre.

Dans le tome premier, après avoir exposé sommairement les caractères propres à l’espace français, l’auteur étudie « la part de la nature », c’est-à-dire les conditions physiques. Il passe ensuite à « la part des hommes » : répartition de la population, perspectives prochaines d’évolution quantitative et qualitative, mentalités, organisation politique, investissements. Enfin, il traite des « infrastructures » administratives, énergétiques, de transports.

Le tome second fait passer en revue les caractères de l’espace rural (propriété, modalités d’exploitation, division parcellaire, habitat), puis de l’industrie, enfin des villes et des espaces urbanisés.

De ces études partielles, se dégage une impression dominante, celle de la complexité de la vie française sur un territoire depuis des siècles travaillé et morcelé, dont on retrouve, sous les traits actuels, les traces certaines et bien visibles de la longue histoire. Alors que l’esprit français se plaît aux généralisations intellectuelles, aux constructions abstraites, l’homme, dans son économie, dans ses habitudes, dans ses activités, se trouve encore sous l’influence et souvent l’oppression des règles et coutumes du passé, Aussi est-il urgent, au moment où s’amorcent une évolution démocratique et plus encore un changement, profond dans les idées et les genres de vie, d’aménager l’espace pour répondre aux besoins d’une nouvelle civilisation, qui se présentent tous avec une même urgente. Pour les satisfaire, il convient de prendre conscience de la force et de la richesse de nos régions.

C’est donc à une entreprise de « géographie volontaire » que l’auteur convie ses lecteurs et tous les Français, afin que vers l’an 2000, une répartition optimale des habitants soit réalisée, par une authentique politique d’aménagement du territoire.

C’est pour les aider à la concevoir et à la mener que ce livre a été écrit et donne, dans le texte, de très nombreux renseignements statistiques, fournissant de sérieuses bases d’information et des éléments solides de réflexion.

Il nous semble que tous ceux qui sont chargés de la Défense de ce territoire à un titre ou à un autre, ont intérêt à consulter cet ouvrage et à le garder dans leur bibliothèque, car l’aménagement du territoire est une question essentielle parmi toutes celles que soulève la Défense. ♦