L’auteur est un journaliste allemand. Il fait de son pays une description sans complaisance, en s’étendant beaucoup plus longuement sur la République fédérale (RFA) que sur la République démocratique (RDA).

Le régime de Bonn, dominé par la personnalité de M. Adenauer – « le vieux Monsieur » – a pour caractéristique, selon Heinz Abosch, l’apolitisme des masses, leur engouement pour tout ce qui vient des États-Unis, leur discipline, leur acceptation de la remilitarisation sous la direction d’une armée chargée de les former au point de vue civique. Sur ces masses un groupe de dirigeants, étroitement inféodés à l’Amérique, a fait de l’anticommunisme son unique doctrine et de la réunification de l’Allemagne, par la force, son objectif principal. La vie économique s’est développée dans des conditions remarquables, mais au prix d’un amoindrissement des valeurs politiques et intellectuelles qui est presque une annihilation.

Le régime de la RDA, contrôlé de très près par les Russes, est trop servile vis-à-vis de ceux-ci. Il politise tous les aspects de la vie sociale, en même temps qu’il opère un redressement économique remarquable, quoique d’une inspiration toute différente de celle des dirigeants de Bonn.

« Ainsi – écrit l’auteur – deux poudrières se font face, qu’une simple étincelle suffit à faire sauter, incendiant peut-être le monde entier. »

Et c’est pour convaincre chaque lecteur, chaque homme, que son propre destin est lié à celui des deux Allemagne qu’Heinz Abosch écrit ce livre. Professant des idées « de gauche » très avancées, l’auteur laisse apparaître sa préférence dans les solutions possibles du problème allemand ; implicitement, il soutient en la rapportant la thèse de ceux qui pensent que la « libéralisation du régime de l’Est » devrait s’accorder avec la réapparition d’une gauche active dans celui de l’Ouest, ce qui entraînerait évidemment « le désengagement militaire et politique de l’Allemagne en dehors des deux blocs ».

Pour le lecteur non spécialiste des questions allemandes, cette thèse semble supposer une transformation totale de la situation des deux Allemagne, telle que l’a dépeinte l’auteur lui-même, dans ce livre intéressant, certainement outré dans certains de ses jugements, mais qui éclaire une question capitale pour l’Europe et le monde. ♦