Lyautey, le Chef en action
L’auteur a été longtemps un des collaborateurs de Lyautey. Il apporte sur son ancien « patron » un témoignage personnel ; mais il en reçoit encore une impulsion, une ardeur, une puissance qui se manifestent dans cet ouvrage abondant, plein de sève et de rythme, comme on imagine que fut Lyautey lui-même, comme on suppose que le grand homme eut aimé se retrouver dépeint.
Guillaume de Tarde souligne qu’il a tenté de faire le portrait psychologique de Lyautey. On ne trouvera pas dans cet ouvrage ce que l’on trouve habituellement dans les biographies, des renseignements datés sur la vie et les gestes du héros. Dans une première partie, tout en suivant les grandes étapes de la carrière du Maréchal, l’auteur montre un caractère dans l’action ; dans les deux autres parties, il fait une synthèse pour peindre Lyautey dans son comportement vis-à-vis des hommes et dans ses méthodes de commandement.
Deux autres grandes figures sont décrites, comme pour donner du relief à celle de Lyautey : celle de Gallieni, l’initiateur et le guide des premières années, celle de Charles de Foucauld, dont l’évolution en apparence si différente de celle de Lyautey, présente avec elle certaines similitudes. Le procédé, pour direct qu’il soit, est habile, car il permet au lecteur de juger Lyautey non pas par différence, mais, pourrait-on dire, en fonction d’autres grands hommes, de formation analogue.
L’auteur s’est donné à fond à son sujet, comme le lui avait enseigné Lyautey. Ce n’est pas le moins subtil des plaisirs du lecteur que de voir comment l’ascendant de Lyautey joue encore lorsque l’auteur s’efforce de mener une analyse psychologique objective du personnage complexe qu’il a voulu restituer. Et ce n’est pas la moindre réussite du livre que de contraindre le lecteur à subir, à son tour, cet ascendant. ♦