L’histoire de Rome est racontée par l’auteur sous une forme familière. Aux personnages auréolés de grandeur et de majesté, que nos études classiques ont marqués dans nos souvenirs, il a substitué des hommes, plein de qualités et de défauts, de vices et de vertus, de sottise et d’intelligence ; il a voulu les dépeindre, non comme ils apparaissent dans une histoire figée, mais dans les circonstances de ce qui était à leur époque l’actualité. En d’autres termes, il a traité son sujet comme on traite de l’histoire moderne et contemporaine, non sans céder peut-être à la forme journalistique.

Il en résulte un livre très vivant, comportant des passages fort amusants, grouillant de personnages colorés, auxquels il est fait une plus grande part qu’à l’explication philosophique des faits.

Ce livre a, paraît-il, fait scandale en Italie, lorsqu’il a été publié par épisodes dans la Domenica del Corriere. Certains se sont indignés de voir ainsi ramener à des dimensions humaines – et sans doute aussi sous une forme humoristique – les hauts faits d’une histoire qui leur a paru profanée.

Nous serons pour lui infiniment moins sévères. La méthode qu’a choisie Indro Montanelli a une rançon : elle ne s’applique pas impunément à tous les événements, et l’histoire de Rome en fournit assez dont la grandeur se plie mal à un exposé familier. Mais, sous cette réserve, nous pensons que les lecteurs trouveront comme nous un véritable plaisir à lire ce livre d’un bout à l’autre, à reprendre contact, d’une façon aussi vivante que pittoresque, avec des souvenirs peut-être un peu éteints, et ne regretteront pas, en fin de compte, que cette histoire célèbre leur soit présentée comme une kermesse flamande, dans laquelle aurait coulé plus de sang que de vin. ♦