Les journalistes recherchaient autrefois des nouvelles à sensation, à propos de l’Amérique latine, pour mettre du sang à la une et pour donner du piment à leurs travaux. De sauvages attentats, des coups d’État déchirants, des révolutions sans pareilles ! Voilà qui plaisait à la masse des lecteurs. Un renversement serait en train de se produire. L’Amérique latine, qui a pris ses leçons de conduite politique dans la vieille Europe et qui est attentive aux drames vécus dans les autres continents, paraît s’humaniser. Pour vérifier si les équilibres porteurs sont bien réalisés, il convient de se livrer à quelques réflexions dans les domaines suivants : la démocratie, la corruption, la lutte contre la drogue, la subversion, le mauvais développement, la violence.

La démocratie

Elle est un bien volage qui peut se transformer au cours des temps et au gré des circonstances. Il y a des pays où elle a triomphé avec la fin des systèmes coloniaux comme en Jamaïque ; certains où elle s’est usée comme au Venezuela ; d’autres où elle n’est pas parvenue à prendre pied comme en Haïti. Signalons, enfin, le cas du Péruvien Alberto Fujimori, qui a réussi à modifier son régime de l’intérieur.

Indépendante dès 1962, la Jamaïque a servi de modèle démocratique à toutes les anciennes possessions britanniques du bassin Caraïbe. À Kingston, deux grands partis se sont disputé le pouvoir : le Parti national populaire animé par M. Michael Manley puis par M. Percival, actuellement Premier ministre, et le Parti travailliste jamaïcain guidé par M. Edward Seaga. Cette démocratie est symbole de force. Souvenons-nous que dans les années 75, au temps du castrisme conquérant, M. Manley, alors Premier ministre, avait été séduit par les méthodes d’embrigadement socialiste de la jeunesse cubaine. Ce flirt, qui avait fortement déplu au secrétariat d’État américain, avait peu duré. Il faut reconnaître que les élections dans ce paradis touristique des Caraïbes sont toujours accompagnées de très nombreux assassinats.