Il ne fait absolument aucun doute que la protection la plus visible et la plus symbolique de nos concitoyens s’exerce au plus près d’eux, sur le sol français. Pour autant, dans un monde à la fois marqué par une forte instabilité et par un volume sans cesse croissant d’échanges de biens et de personnes, cette mission ne peut être conduite avec succès si elle se réduit à tenter de traiter les menaces une fois qu’elles sont disséminées sur le territoire national. Dans un monde globalisé, la protection du territoire est par essence une mission globale. Parce qu’elle est présente dans les espaces maritimes français disséminés sur cinq océans, parce qu’elle est au contact régulier des menaces émergentes, militaires ou non, la Marine a cette approche globale dans ses gènes. Elle structure ses moyens, son organisation et ses missions.

Un monde globalisé dans lequel les menaces se sont « fluidifiées »

Comme le souligne le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013 : « Nous vivons dans un monde où le développement des réseaux et la circulation toujours plus intense des personnes, des marchandises, des capitaux et des informations relativisent la notion de frontière et multiplient les interdépendances » ⁽¹⁾. Ainsi, le volume du trafic maritime mondial a doublé en vingt ans pour franchir en 2014 le cap des 10 milliards de tonnes. Le volume mondial annuel du trafic aérien civil atteint actuellement les 3,5 milliards de passagers ; il est prévu de doubler d’ici vingt ans. Sur le plan sécuritaire, à la fluidité des échanges correspond malheureusement celle des menaces. Ces dernières années ont mis en évidence de façon particulièrement flagrante les effets des crises régionales sur la sécurité nationale. Le cas du conflit au Levant est dans tous les esprits avec le flux de réfugiés qu’il engendre à destination de l’Europe – 28 % des entrants en 2015 – et son impact sur le niveau de menace terroriste.