Les armées françaises ont connu, ces dernières décennies, des périodes au cours desquelles le recrutement et la rétention du personnel ont posé des problèmes. La professionnalisation a impliqué des défis relativement nombreux. Parallèlement à la diminution du format, et donc à la mise en œuvre de mesures d’incitation au départ, plus de 43 000 personnes (militaires et civils) ont été recrutées au cours des années de « consolidation » (2002 et 2003). Après cette phase complexe, certaines difficultés se sont développées. Au début des années 2010, alors que le taux de chômage se situait entre 9 et 10 % de la population active, l’Armée de terre peinait à pouvoir appliquer une véritable sélection lors du recrutement de certaines catégories de personnel, tant le nombre de candidats était limité.

Une partie de ces problèmes tient sans doute au fait que le ministère n’a pu s’installer durablement dans un « rythme de croisière ». Les objectifs de recrutement et les politiques de ressources humaines ont varié au gré des changements du format imposés par la publication des Livres blancs et le vote des lois de programmation. Les planifications ont souvent été modifiées dans des laps de temps relativement courts. En conséquence, les armées n’ont que très rarement pu appliquer une stratégie de moyen terme en matière de gestion des ressources humaines.

Cet article a pour but de faire un rapide état des lieux des objectifs de la politique ministérielle dans ce domaine et d’analyser les contraintes qui pèsent actuellement sur elle. Ce faisant, il identifie les principales faiblesses auxquelles les armées ont à faire face pour séduire, recruter et retenir les individus dont elles ont besoin. Ce diagnostic nous permettra de constater que les tensions actuelles sont multifactorielles et qu’elles pourraient être extrêmement handicapantes dans le cadre de la remontée en puissance actée par les autorités politiques.