On ne compte plus les débats et les articles sur le dilemme voire la querelle entre vitesse et furtivité dans le domaine aérien : chacun des deux axes, techniquement pointu, a ses experts, ses partisans et ses détracteurs. Cet article a pour ambition de replacer cette problématique dans celle, plus large, du maintien de la survivabilité des systèmes d’armes dans le temps face à l’évolution des défenses et, en cette période de début de loi de programmation militaire, de décrire succinctement les efforts de recherche et d’innovation qu’il semble utile de consacrer à cette fin.

L’évolution des défenses aériennes et des capacités des mobiles aériens pour s’en affranchir, suite moderne de l’éternelle lutte entre le glaive et le bouclier, n’est pas une nouveauté. Elle se renforce actuellement autour de la dissémination des capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone (A2/AD : Anti-Access/Area Denial) qui limite désormais significativement la confiance occidentale quant à sa supériorité dans le domaine aérien en regard de celle rencontrée dans les conflits des deux décennies précédentes, comme l’a souligné la Revue stratégique de l’été dernier ⁽¹⁾.

Concernant les grandes tendances de cette évolution, et compte tenu des projets de missiles et d’aéronefs de combat ouvertement en cours dans les différentes nations, on peut partir d’une certitude : à travers le monde, les défenses futures seront confrontées à une extension du spectre actuel des menaces avec un besoin de traiter des cibles très furtives et, à terme, des cibles hypervéloces et très manœuvrantes.