La nouvelle revue de posture nucléaire américaine, NPR (Nuclear Posture Review) ⁽¹⁾, publiée en février 2018, a été vivement critiquée ⁽²⁾, en raison des annonces concernant la modernisation de l’arsenal (pourtant déjà amorcée sous l’Administration Obama) et des décisions concernant de nouvelles capacités nucléaires dans la catégorie non-stratégique ⁽³⁾. De manière générale, cette NPR a été considérée par ses détracteurs comme un recul par rapport à la précédente en 2010, dont le fil conducteur était la réduction du rôle des armes nucléaires. En réalité, le seuil d’emploi ne paraît pas avoir été modifié ⁽⁴⁾.

Malgré tout, le contraste entre les deux NPR est assez saisissant, car la détérioration du contexte stratégique conduit le Pentagone à mettre l’accent sur le renforcement de la crédibilité de la dissuasion nucléaire sur le plan capacitaire et sur le plan politique. Sur ce point, la détermination est le maître-mot. Cela vaut en particulier pour la dissuasion élargie (extended deterrence) que la NPR fait apparaître comme une mission fondamentale de la stratégie de sécurité américaine, soulignant que cet engagement est « infaillible ». Ainsi, le message à l’attention de tout adversaire potentiel est ferme : « Aucun pays ne devrait douter de la solidité de nos engagements en matière de dissuasion élargie ou de la solidité des capacités des États-Unis et de leurs alliés à prévenir, et au besoin vaincre, tout acte d’agression nucléaire ou non nucléaire d’un adversaire potentiel » (NPR, p. VIII). En parallèle, le message est clair pour les États bénéficiant de la garantie nucléaire des États-Unis, ce qui est crucial. S’agissant de la dissuasion élargie, la NPR s’adresse en effet d’une part, aux adversaires potentiels, pour les dissuader et d’autre part, aux États protégés, pour les rassurer.

En Asie, comme le souligne la NPR 2018, les inquiétudes des alliés par rapport à la montée en puissance militaire de la Chine et les menaces nucléaires et non-nucléaires nord-coréennes sont « compréhensibles » (NPR, p. 34).