Cet article vient à point compléter notre information sur la défense du golfe Persique. On est un peu surpris non pas tellement par les difficultés politiques de l'entreprise mais par celles qui sont inhérentes, aux États-Unis, pour la constitution d'une force interarmées. On étudiera également avec profit, dans la chronique « Revue des Revues », l'analyse d'un article de la Revue Internationale de Défense, sur le Marine Corps, cette institution américaine si particulière, qui en fait une sorte de quatrième armée, très liée à l'US Navy, mais ayant en fait une très large indépendance.
La force à déploiement rapide et la stratégie américaine dans le Golfe
En 1979, deux événements ont considérablement modifié l’équilibre au Moyen-Orient. Le premier a été, en janvier, le succès de la révolution islamique en Iran et le départ en exil du Chah. En raison de son nationalisme rigide et de sa xénophobie, de son refus de choisir entre l’Est et l’Ouest, il n’a plus alors été question que ce pays joue le rôle de « gendarme » et puisse agir comme mandataire de l’Amérique dans la région. Le deuxième événement s’est produit en décembre, avec l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques. Il a coïncidé avec le fait que la puissance militaire et la résolution politique de l’Amérique ont été assez largement mises en doute et que l’on a pu se demander si les États-Unis pouvaient faire efficacement contrepoids à l’Union Soviétique.
Le Moyen-Orient occupe une place particulière parmi celles des régions où l’Amérique possède des intérêts stratégiques. Contrairement à ce qui se passe pour l’Europe ou le Japon, aucune alliance n’a formalisé des liens qui représentent une acceptation implicite qu’il existe des intérêts communs plutôt qu’une relation ouverte entre partenaires. Jusqu’à une date toute récente, il n’y avait pas de base américaine dans la zone. On doit ajouter que la complexité de la situation politique héritée de la période coloniale, le conflit israélo-arabe qui couve sous la cendre — les Israéliens étant soutenus par les Américains — limitent sévèrement le rôle que ces derniers pourraient jouer, éventuellement, pour assurer la sécurité de la région. Cependant, ces restrictions n’ont jamais été totales, et la dépendance des Occidentaux vis-à-vis du pétrole du Moyen-Orient, la nécessité où cette région se trouve de faire appel à la coopération et au soutien de l’Occident, tout cela s’est conjugué pour créer des liens de réciprocité.
Les exigences de la sécurité au Moyen-Orient, tout autant que les conditions du maintien de la position américaine dans la région, ont subi une modification fondamentale résultant de ces deux événements de 1979. Si la révolution islamique a posé un problème grandissant de stabilité interne, la présence de troupes soviétiques à moins de cinq cents kilomètres du détroit d’Ormuz a constitué une menace militaire sans précédent. En réaction, et pour regagner une partie du prestige politique qui avait été perdu lors des événements d’Iran, le président Carter a présenté une nouvelle doctrine stratégique pour le Moyen-Orient. Dans son message sur l’état de l’Union, communiqué au Congrès le 23 janvier 1980, il a déclaré : « Une tentative faite par une puissance extérieure pour prendre le contrôle de la région du Golfe Persique serait considérée comme une attaque effectuée sur les intérêts vitaux des États-Unis. Elle sera repoussée en utilisant tous les moyens nécessaires, y compris la force militaire ».
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