Au soir du référendum sur le Brexit en juin 2016 annonçant le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, certains n’ont pas manqué de se réjouir. Enfin, les Britanniques allaient cesser de bloquer sine die le décollage de la défense européenne ! Il est vrai que l’Agence européenne de défense a été bloquée dans son rôle fédérateur dès sa création en raison du veto britannique empêchant toute augmentation de son budget. De même, le Royaume-Uni a toujours été le héraut d’une défense européenne exclusivement portée par l’Otan, s’échinant à entraver toute autonomie de l’Union européenne.

Pourtant, faut-il se réjouir que le Royaume-Uni puisse redevenir une île au large de l’Europe ? Est-il d’ailleurs raisonnable que les Européens envisagent leur défense sans les Britanniques – et réciproquement ? En matière de défense et de sécurité internationale, nous partageons plus entre nous que beaucoup ne le croient, d’un côté comme de l’autre de la Manche. Certes, les relations sont compliquées, changeantes et parfois conflictuelles, mais le réalisme économique porte le Royaume-Uni et l’Europe continentale à s’entendre dans le domaine capacitaire.

Ce qui nous rapproche est plus fort que ce qui nous éloigne

C’est souvent à l’aube d’une rupture qu’il est possible de prendre conscience de ce que nous partageons… et de ce que nous risquons de perdre. Par-delà le Brexit et les tensions, il y a deux réalités qui s’imposent aux Britanniques et aux Européens : la géographie et la rationalité économique.