Le « couple franco-allemand », plutôt appelé « moteur franco-allemand » de l’autre côté du Rhin, connaît de sérieuses difficultés. Les thèmes de divergence, essentiellement « énergie » et « défense », ne sont pas nouveaux. Mais le contexte international propulse ces deux sujets dans l’agenda prioritaire des deux pays, et ce qui pouvait s’imaginer soluble dans la durée devient vecteur de divergence dans l’urgence.

L’analyse dominante met en avant le décrochage économique de la France par rapport à son voisin pour justifier un moindre intérêt de l’Allemagne à poursuivre une collaboration privilégiée avec son partenaire historique. Elle pointe également les réserves de notre voisin à l’égard de l’autonomie stratégique prônée par la France, perçue comme concurrente de l’Alliance atlantique, et potentiellement au service de l’influence française.

De fait, la prééminence économique graduellement acquise par l’Allemagne lui permet d’être plus exigeante dans ses partenariats, et le statut incontournable de la France s’est en partie amoindri. De plus, le conflit en Ukraine offre à l’Allemagne l’opportunité de développer ses moyens militaires et, ce faisant, de prendre une part de leadership dans un domaine jusqu’alors politiquement hors de portée. Néanmoins, il paraît intéressant d’examiner en quoi, au-delà de ces constats, les difficultés rencontrées révèlent une problématique bien plus profonde, celle d’une certaine forme d’inconséquence stratégique de la part de l’Allemagne.