En 2004, dix pays rejoignirent l’Union européenne : huit, issus de l’ancien « bloc communiste » – Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie –, et deux pays méditerranéens – Chypre et Malte. Ce fut le plus grand élargissement de l’histoire européenne. Cette adhésion a été précédée par l’intégration à l’Otan : en 1999, de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque ; en 2004, de la Bulgarie, de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Slovénie. Sortis du joug soviétique, désormais États indépendants, leur choix fut clair et déterminé : l’UE offrait la prospérité et le retour à l’Europe historique et culturelle, tandis que l’Otan assurait la sécurité, en premier lieu vis-à-vis de la Russie.

Si dans les premières années qui ont suivi l’adhésion, ces États, dans une certaine mesure, déléguaient aux instances européennes et transatlantiques les décisions et les orientations, 2014 et l’agression russe en Ukraine a marqué un tournant dans leur attitude. La géopolitique a changé son axe à l’est de l’Europe et ils se trouvèrent au premier plan. De la délégation à l’UE, ces États ont pris des initiatives et décisions en alarmant la communauté européenne du danger croissant. Ils devinèrent des acteurs de la politique européenne portés par l’objectif de la résilience européenne, basée sur l’unité, la solidarité et la défense commune. Dans un océan de littérature consacrée à l’élargissement de 2004, essayons de décrypter quelques tendances qui ont évolué au cours de ces vingt années du chemin européen.

Quelques éléments d’histoire du XX^e siècle

L’Europe et les États-Unis constituent un bloc commun de prospérité et de sécurité. L’héritage des guerres mondiales reste lourd : les deux ont été déclenchées en Europe par les Européens et les deux ont été gagnées grâce à l’allié américain. Les guerres en ex-Yougoslavie ne font que confirmer cette constante du XX^e siècle. Cette vision assez populaire persiste et nourrit un sentiment de crainte par rapport au grand voisin oriental. Toutefois, l’attitude particulièrement favorable de l’Europe centrale à l’égard de l’Amérique peut surprendre, mais elle a une raison historique éclairante.