De la chute de Constantinople en 1453 à la victoire de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie dans la région du Haut-Karabagh en 2020 grâce à l’utilisation massive de drones, les innovations technologiques ont toujours joué un rôle décisif dans les affrontements armés. Si elles n’ont pas changé la nature de la guerre, elles ont en revanche étendu les champs de conflictualité à des espaces autres que matériels et modifié les formes du combat sur le champ de bataille. La guerre s’étend aujourd’hui clairement à de nouveaux milieux, comme le cyber et l’espace, qui démultiplient les effets dans les champs immatériels.

La guerre en Ukraine ne fait pas exception. La technologie omniprésente compense certaines lacunes chez les protagonistes. Cependant, à y regarder plus attentivement, le constat est qu’elle s’est surtout placée au service des niveaux stratégique et opératif, pas nécessairement tactique. Il s’agit donc au cours de cette réflexion de s’interroger sur ce dernier échelon, qui est l’espace privilégié sur le plan terrestre de la rencontre des mobiles.

Or, si les avantages de la technologie sont indéniables et ne sont plus à démontrer ni à remettre en cause, les enseignements, récents ou historiques, montrent que c’est un équilibre mesuré et adapté entre rusticité et technologie qui permet de remporter la décision sur le terrain, y compris en cas de guerre symétrique entre deux États. C’est pourquoi, il serait d’ores et déjà opportun de repositionner le curseur vers un degré de rusticité tactique globale plus important, c’est-à-dire vers une augmentation de l’aptitude à supporter des conditions éprouvantes et difficiles au plus près de la ligne des contacts. Par cet équilibre, c’est la soutenabilité des combats qui en découle.