Il suffit de relire les principaux documents de stratégie écrits en Europe ces dix dernières années pour comprendre la brutalité de l’accélération géopolitique actuelle. Elle laisse la plupart de nos nations occidentales dans un état de complète sidération. Les fondamentaux de la sécurité internationale s’effondrent les uns après les autres comme des dominos (traités, mémorandums, conventions, droit des conflits, etc.). L’impensable et l’imprévisible se sont à nouveau ligués. Il ne se passe pas de mois sans qu’une nouvelle incroyable ne nous laisse hébétés devant nos fils X ou nos chaînes d’info continue.

Ce virage, aussi rapide que violent, est soutenu par une dynamique de réarmement puissante, qui a débuté au tournant du siècle dernier alors que les Européens désarmaient et se désindustrialisaient, pensant pouvoir profiter longtemps d’une paix chèrement acquise. Le revers s’annonce violent. Dans ce contexte, le Vieux Continent fait effectivement face à une double problématique. Il doit, d’une part, réorienter et redynamiser en urgence son industrie d’armement qu’il avait mis en veilleuse pour combler rapidement les lacunes béantes de ses armées. D’autre part, il doit réaliser une profonde adaptation capacitaire pour prendre en compte les changements très rapides qui s’opèrent sur les champs de bataille. La guerre en Ukraine, ainsi que celle qui se déroule au Proche-Orient, mais aussi la course aux armements en Asie sont des occasions de prendre conscience de cette double nécessité.

Dans ces conditions, de quoi ressort la préparation de l’avenir pour une organisation comme l’Otan, et plus particulièrement son Commandement pour la transformation (ACT) ?