« Quel genre d’investisseur êtes-vous ? Prudent ? équilibré ? dynamique ? bon père de famille ? à risque ? », peut-on lire en substance dans les questionnaires adressés par les établissements financiers à leurs futurs clients. Par analogie, chacun peut évaluer la part que son organisme ou son entreprise accorde à l’innovation, facteur essentiel de survie en période d’incertitude, de changement, voire de rupture.

Dans bien des domaines industriels et commerciaux, l’esprit de concurrence prévaut. Dans le secteur de la Défense, si l’on constate aussi la prééminence de la compétition et de la recherche de l’innovation, elles ont un caractère critique car les répercussions de l’innovation engagent souvent la survie des Nations. Chaque jour l’actualité le rappelle, comme dans le cas de la guerre en Ukraine où s’affrontent un camp russe réputé conservateur et une Ukraine souvent décrite comme une start-up nation. En France, avant même que s’ouvre l’ère d’incertitude que marquent la pandémie et le retour de la guerre en Europe, le ministère des Armées a choisi de se doter d’une agence dédiée à l’innovation de défense, l’AID. Son rôle est à la fois de stimuler et d’orienter l’écosystème industriel et technologique qui forge les solutions vouées à garantir l’avantage opérationnel à nos forces armées.

L’innovation force souvent à des choix radicaux sous contrainte de ressources. La littérature foisonnante sur le sujet s’en fait l’écho : le développement des applications du quantique, l’exploitation des opportunités immenses offertes par le domaine spatial ou la maîtrise des actions rendues possibles par l’intelligence artificielle invitent tous à des politiques ambitieuses, parfois en rupture avec les canons actuels, parfois pleines de paradoxes. C’est en s’appuyant sur l’expérience acquise par le monde de la Défense que l’on peut proposer une réflexion sur les injonctions contradictoires de l’innovation, qui touchent à leur manière tous les secteurs d’activité.