« Monsieur le Président, la seule option qui nous permettra d’atteindre nos objectifs politiques et militaires, tout en limitant au maximum nos pertes et en évitant des dégâts collatéraux, consiste en une frappe préventive. C’est contraire à notre doctrine, mais les analyses sont formelles : nous avons simulé une centaine de modes d’action possibles et il apparaît que toute autre option nous mettrait sous la menace d’une frappe massive de missiles hypersoniques que nous serions incapables de contrer. Nous avons fusionné des milliards de données et nous avons maintenant la certitude que l’ennemi s’apprête à lancer cette attaque. Nous devons agir sans tarder. »

L’exposé fait par le chef d’état-major des armées laisse le président de la République perplexe. À cet instant, il regrette amèrement de ne pas avoir participé aux exercices de mise en situation que lui recommandait son État-major particulier, ce que les militaires appellent Wargaming, afin de mieux comprendre comment l’Intelligence artificielle (IA), couplée aux super-ordinateurs (classiques et quantiques) et à la modélisation des théâtres d’opérations, pouvait l’aider à appréhender une situation très complexe. Comment s’en remettre à une « machine » qui propose une solution aussi extrême ? Comment vérifier la pertinence de l’option proposée, vu le nombre incroyable de paramètres à prendre en compte ? Et comment s’assurer que ces données n’ont pas, elles-mêmes, été corrompues par d’autres acteurs malintentionnés ?

La supériorité technologique : un enjeu stratégique

Ce court scénario relève encore de la science-fiction, mais il deviendra réalité dans la prochaine décennie, à condition que certaines percées technologiques se concrétisent.