L’année 2025 annonce une période charnière en Amérique latine : l’entrée à la Maison-Blanche de Donald Trump est le révélateur des défis majeurs que se doit de relever un continent qui a fait apparaître depuis la crise de la Covid-19 une fracture entre les tenants du « Sud global » ⁽¹⁾ et les partisans d’un système international établi au lendemain de la victoire des Alliés au sortir de la Seconde Guerre mondiale. La prise de fonction du 47^e président des États-Unis et les axes définis sur les questions migratoires et commerciales ⁽²⁾ mettent en exergue la diversité de l’Amérique latine ainsi que les enjeux en termes de gouvernance et de développement économique. Les crises et tensions chroniques, notamment au Venezuela et au Nicaragua, alimentent des vagues migratoires qui fragilisent une réalité économique en demi-teinte, comme ce fut le cas en Colombie, dans les pays andins, ou vers la frontière avec les États-Unis, dans l’isthme centraméricain.

La grande diversité des situations économiques entre les pays, ou à l’intérieur des frontières nationales, a conduit le continent latino-américain à chercher de nouveaux partenaires, ouvrant des perspectives inédites. En consolidant et élargissant ses positions, la République populaire de Chine est devenue l’un des principaux partenaires commerciaux du Brésil mais également du Mexique, du Panama, de l’Argentine, du Pérou ou de l’Équateur. L’inauguration en marge du Sommet de l’APEC ⁽³⁾ au Pérou les 12 et 13 novembre 2024 du plus grand port chinois dans la ville de Chancay par le président Xi Jinping, laisse entrevoir la bataille commerciale qui s’annonce. Elle risque de prendre en tenaille l’Amérique latine entre les intérêts nord-américains et chinois, ou d’accélérer le basculement du continent vers le géant asiatique. La relation avec le Mexique, premier partenaire commercial des États-Unis, est, à ce titre, révélatrice de l’orientation qui sera prise. Les mesures commerciales que prendra le président Trump, vont être essentielles pour le futur économique du continent.

Celui-ci peut également devenir un refuge pour de nombreuses entreprises à la recherche de nouveaux débouchés ou routes commerciales dans un environnement global perturbé par les conflits et foyers de tensions. La seconde option est celle du cas par cas, correspondant à cette forme de fragmentation. Les unions régionales ont du mal à s’organiser ou à dépasser les clivages politiques : le SICA, l’Alliance du Pacifique ⁽⁴⁾ et même le Mercosur mis en lumière après l’accord agricole avec l’Union européenne ⁽⁵⁾ souffrent d’une diversité politique qui se cristallise dans un environnement international marqué par une forme de « nouvelle guerre idéologique ». Par ailleurs, le développement de la violence, né du renforcement de trafics, notamment celui de la drogue, constitue un défi majeur qui menace l’unité nationale et les États dans plusieurs pays : en Haïti, la lutte contre les gangs est actuellement hors de contrôle ⁽⁶⁾, ouvrant un foyer à risque dans la région des Caraïbes. Les pays andins, producteurs ou voies de transit, sont en lien avec les cartels mexicains, avant une exportation vers le Pacifique, le Nord et l’Europe via l’Afrique. 2025 s’annonce comme une année d’opportunités mais également comme celle de tous les dangers.