La France a toujours été attachée à sa souveraineté et à son indépendance. À l’heure de la maritimisation de l’économie, la question d’une flotte stratégique à l’horizon 2050 se pose. La problématique est complexe avec des acteurs aux contraintes souvent contradictoires, avec un coût hors d’atteinte pour notre pays, obligeant donc à avoir une approche désormais européenne.
Flotte stratégique : l’impossible pari ? L’indépendance de l’approvisionnement de la France à l’horizon 2050
A Strategic Fleet: an Impossible Challenge? The Independence of French Supply by 2050
France has always been attached to its sovereignty and independence. At a time when the economy is increasingly maritime-dependent, it is reasonable to debate the need for creating a strategic fleet by around 2050. It is a complex issue—the constraints of the various actors are often contradictory, and the cost is out of reach for the country. The matter must therefore be addressed on a European level.
Deux concepts sont liés, celui de souveraineté et celui d’indépendance, dont particulièrement l’indépendance économique. Ce concept suggère la disposition de moyens d’approvisionnement, d’une flotte marchande, capable également de soutien aux forces et aux infrastructures.
La loi pour l’économie bleue de 2016 définit la flotte stratégique comme composée de navires battant pavillon français « permettant d’assurer en temps de crise la sécurité des approvisionnements de toute nature, des moyens de communication, des services et des travaux maritimes indispensables ainsi que de compléter les moyens des forces armées » (1).
L’approche de cette question essentielle à la sécurité de la nation a fait l’objet de nombreux débats, son concept ayant depuis quelques années été débattu sous la désignation de « flotte stratégique » (2). Ce vaste concept englobe d’une part, le soutien aux forces et d’autre part, l’indépendance d’approvisionnement de la nation. Si les principes sont posés par de nombreux débats, il manque encore le mode d’emploi. Comment, pratiquement, propose-t-on de constituer cette flotte stratégique ? Une des premières grosses difficultés est la concomitance : si les navires « stratégiques » doivent être disponibles au moment de l’éclatement de la crise, il faut donc qu’ils le soient déjà bien avant. Cependant, certains des affréteurs « stratégiques » n’ayant pas nécessairement besoin de tous les navires stratégiques au début de la crise – parce qu’ils ont trouvé du tonnage sur le marché –, il faut donc que la mise en service de cette flotte soit réalisée progressivement. Se pose aussi la question, nous le verrons, des modalités de passage des affréteurs « stratégiques » de tonnage du marché à celui de la flotte stratégique.
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