L’outil naval se caractérise par sa versatilité permettant de mettre en œuvre une politique sur la mer. La marine peut exercer la violence par le recours à la force mais également peser sur un adversaire potentiel. Le concept de « suasion » développé par Edward Luttwak illustre cette capacité unique traduisant la synergie entre crédibilité et influence.
Le concept de suasion et l’usage politique de l’outil naval
The Theory of Suasion and Political Use of the Navy
The versatile character of naval power supports the establishment of a maritime policy. The navy can both put pressure on a potential adversary and resort to violence through force. Edward Luttwak’s theory of suasion illustrates this unique capability, which shows the synergy between credibility and influence.
Note préliminaire : Cet article est une synthèse du mémoire d’Aymeric Lotz dans le cadre du Master 2 « Droit de la mer et Risques maritimes » de l’Université de Lille. Il a obtenu le prix 2023 du meilleur mémoire de l’AEGES (Association pour les études sur la guerre et la stratégie).
Dans les turbulences des relations internationales, l’outil naval apparaît comme l’un de ceux les plus nécessaires aux États-puissances dans la défense de leurs intérêts. Son usage à des fins politiques n’est pas une chose inédite. C’est d’ailleurs le rôle premier des marines : être le moyen de la politique étatique sur mer et y porter potentiellement sa violence.
Au-delà de constituer un moyen de pure violence, les marines sont des outils militaires versatiles permettant de persuader, dissuader ou encore de coercer des adversaires sans recourir à la violence ou en usant de façon limitée, afin d’obtenir des gains politiques. Ceci, sans les risques inhérents à tout usage de la violence (1), tout en se conformant à l’interdiction du recours à la force et du recours à la menace de l’emploi de la force (2). L’inhibition des États à recourir à la force dans leurs relations internationales n’est pas le seul fait d’une adhésion à la norme. Des considérations politiques et militaires objectives y contribuent abondamment. Toutefois, le droit peut modérer l’usage de la force. Cet aspect aura davantage d’effets chez les États démocratiques où la population est sensible aux considérations juridiques, réprouve la violence, et où des contre-pouvoirs internes sont en mesure de contrôler l’action du pouvoir politique.
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