L’irruption du numérique et de l’IA dans le combat aéromaritime oblige à une véritable rupture conceptuelle et doctrinale. Les principes demeurent – vitesse, autonomie, létalité –, mais il faudra prendre en compte cette transformation digitale pour adapter l’organisation, la conception et la production des capacités navales de demain. C’est un défi que la France est capable de relever.
La disruption digitale dans le combat aéromaritime : éviter le syndrome Kodak
The Digital Revolution in Naval-Air Warfare: Avoiding the Kodak Effect
The digital revolution and the advent of AI in naval-air warfare are leading to a complete rupture with the past, both conceptually and doctrinally. Whilst the principles of speed, endurance and lethality remain unchanged, this digital transformation must nevertheless be taken into account in order to adapt the organisation, design and production of future naval capabilities. France is capable of rising to this challenge.
La France, comme ses alliés, est aujourd’hui confrontée à une injonction politique claire : entrer dans une « économie de guerre ». Cette formule, ravivée par le conflit en Ukraine, ne signifie pas qu’il faudrait dépenser sans compter. Elle engage au contraire à optimiser la logistique globale de la nation – sa capacité à produire, à durer, à faire face – pour renouer avec un principe constant dans l’histoire des conflits : l’économie des moyens. C’est par l’optimisation de chaque ressource que se construit la supériorité stratégique. Cela suppose de bien identifier ce qui constitue véritablement le « cœur de métier » de l’organisation militaire.
Cette mission est aujourd’hui bouleversée par une révolution numérique. Drones autonomes, Intelligence artificielle (IA), explosion des capacités de calcul, connectivité omniprésente : autant d’innovations qui changent profondément les équilibres militaires. Comme toute rupture technologique majeure, le numérique ne modifie pas seulement les équipements mais oblige à repenser doctrines, tactiques et structures.
Contrairement au milieu terrestre, la mer est largement vide de présence humaine civile : il n’y a pas d’habitats, pas d’infrastructures denses, pas de populations à protéger ou à éviter. Ce caractère « vide » fait de la mer un espace partagé mais non maîtrisé, régi officiellement par des conventions (comme Montego Bay) mais, en pratique, soumis à la loi du plus fort localement, aucun État ne pouvant réellement contrôler de vastes zones en permanence, ce qui renforce l’importance de la technologie, de la projection rapide, de l’autonomie, et d’un effet de masse dispersée dans l’espace et dans le temps. C’est la raison pour laquelle je me propose d’étudier tout spécifiquement la disruption militaire dans ce milieu spécifique.
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