L’élection du cardinal Robert Francis Prevost comme 267e pape oblige à regarder le rôle de l’Église catholique sur le continent latino-américain. Le pape Léon XIV connaît toute la complexité du catholicisme dans la région, pour y avoir été missionnaire puis évêque. Entre pauvreté et théologie de la libération politique, l’Église continue à jouer un rôle central.
Amérique latine - Léon XIV et l’évolution contemporaine de l’Église catholique sur le continent latino-américain
Latin America—Leo XIV and Current Developments in the Catholic Church in Latin America
The election of Cardinal Robert Francis Prevost as 267th Pope invites a look at the role of the Roman Catholic church on the Latin American continent. Pope Leo XIV is well aware of the complexity of Catholicism in the region, having been both missionary and Bishop there. The church continues to play a central role between poverty and theology of political freedom.
L’élection, le 8 mai 2025, du cardinal Robert Francis Prevost aux liens privilégiés avec le Pérou (1), comme 267e Pape (et à la suite d’un pontificat d’un Pape argentin), sous le nom de Léon XIV, offre l’occasion de mettre l’accent sur le rôle contemporain de l’Église catholique sur un continent où elle reste majoritaire. Terre de mission, l’Église y a traversé, depuis les années 1970, les conflits qui ont marqué plusieurs pays d’Amérique centrale, ainsi que le Pérou, le Chili, l’Argentine, le Brésil ou Haïti. Dans certains comme le Nicaragua, elle est poursuivie par le régime en place qui la considère comme un soutien d’une opposition honnie. Léon XIV porte la symbolique du missionnaire, dans la continuité de la doctrine sociale de l’Église définie dans l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII (1878-1903) inscrivant la mission pastorale dans son environnement moderne, facteur de justice sociale et garante de la dignité humaine.
Cette pensée a accompagné Robert Francis Prevost dans un quotidien péruvien tendu tant politiquement que d’un point de vue sécuritaire. Depuis 1980, 13 chefs d’État se sont succédé à la tête du pays. Le Pérou a connu un conflit interne entre les forces gouvernementales et les guérillas du Sentier lumineux (2) et ceux du Mouvement révolutionnaire Túpac Amaru (3) tandis que les tensions sociales ont renforcé une instabilité gouvernementale. Depuis 2016, aucun des 6 chefs d’État successifs n’a pu aller au terme d’un mandat fixé à 5 ans : Alejandro Toledo (2001-2006) est le premier des quatre anciens Présidents à avoir été condamné dans l’affaire de corruption de l’entreprise brésilienne de BTP Odebrecht. Ollanta Humala (2011-2016) a écopé de 15 ans de prison en avril 2025 tandis que Pedro Pablo Kuczynski (2016-2018) est dans l’attente de son procès. Alan García (1985-1990 et 2006-2011) s’est suicidé en 2019 juste avant son arrestation. Pedro Castillo (2021-2022), accusé de rébellion et d’avoir perpétré un coup d’État, encourt une peine de 34 ans de prison.
La crise institutionnelle chronique s’inscrit dans un pays où le secteur informel concerne 70 % des actifs. Cette réalité sociale, doublée d’une dimension ethnique, ancre la permanence d’une pauvreté dans certaines régions du Pérou comme dans le Nord où a exercé Robert Francis Prevost. Sa vocation de missionnaire s’est réalisée dans un pays particulier de l’Amérique latine, marqué par une histoire millénaire devenue, au fil des siècles après la conquête espagnole, une terre catholique à la croisée d’une diversité emblématique du continent latino-américain.
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