La création des forces de défense et multinationales africaines demeure complexe, car le modèle reste inspiré des pratiques onusiennes, entraînant une limitation dans l’emploi. Il faut travailler sur l’augmentation des capacités, le renforcement de l’autonomie du commandement et la confiance accordée aux partenaires africains.
Réflexions autour des forces de défense et multinationales africaines
Thoughts on African Defence and Multinational Forces
The creation of African defence and multinational forces is a complex issue since they are modelled upon UN practices which imply limitations on their use. Work needs to be done on increasing capabilities, boosting independence of command and reinforcing trust between African partners.
En rompant avec le principe de non-ingérence qui caractérisait l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’Union africaine (UA) incarne, depuis le début des années 2000, la volonté affirmée des chefs d’État africains d’assumer un rôle central dans la prévention et la résolution des conflits sur le continent. Aussi, dès 2004, les dirigeants africains ont décidé la mise en place d’une architecture de paix et de sécurité propre au continent et dont l’une des composantes est la Force africaine en attente (FAA) (1). Cette force, de plus ou moins 25 000 hommes, doit regrouper cinq brigades générées respectivement par cinq organisations sous-régionales (2) qui regroupent l’ensemble des 55 membres de l’UA. La création de ces brigades repose exclusivement sur les capacités dont disposent les pays membres de ces organisations et leur volonté de contribuer à l’établissement de cette force en attente. La FAA s’inscrit dans une démarche africaine intégrée, visant à intervenir de manière cohérente dans la prévention des conflits, le rétablissement, le maintien et la consolidation de la paix (3).
Pour comprendre les enjeux liés à l’émergence de forces de défense africaines capables d’assurer de manière autonome la sécurité sur le continent, il convient d’abord de revenir sur les fondements et les ambitions de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), notamment par la mise en place de la FAA. Il s’agira ensuite d’analyser les limites rencontrées dans la mise en œuvre de cette architecture, à la lumière des contraintes doctrinales, financières et logistiques persistantes. Enfin, nous proposerons quelques pistes de réflexion en vue de surmonter ces obstacles, en tenant compte des expériences récentes et des conditions nécessaires à une véritable autonomie sécuritaire africaine.
L’architecture de la paix en Afrique
L’APSA (4) a été conçue pour permettre aux dirigeants africains de prendre en main la gestion et la résolution des conflits sur le continent, dans une optique d’autonomisation stratégique. Cette gestion implique notamment des besoins en déploiement de troupes. Depuis 2004, de nombreuses Opérations de soutien à la paix (OSP) (5) ont été menées par des organisations africaines, mobilisant soit leurs propres moyens, soit ceux mis à disposition par des États contributeurs. Cependant, ces moyens nationaux s’avèrent souvent insuffisants. Le continent doit alors faire appel à des partenaires extérieurs tels que les Nations unies, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan), l’Union européenne (UE), certains États alliés ou encore des prestataires privés pour renforcer ses capacités opérationnelles.
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