Le modèle d’engagement militaire français a été totalement transformé en Afrique. L’objectif fut de revoir son empreinte militaire, tout en réaffirmant la volonté de partenariat. Le Commandement pour l’Afrique (CPA), créé à Paris, est la nouvelle structure pour construire l’avenir de nos relations militaires dans la région.
S’adapter aux réalités d’aujourd’hui et entretenir nos partenariats de demain
Une nécessaire transformation du modèle d’engagement militaire français en Afrique centrale et de l’Ouest
Adapting to Today’s Realities and Nurturing Tomorrow’s Partnerships
Necessary Changes to French Military Engagement in Central and West Africa
The format of French military engagement in Africa has completely changed. The aim was to review the military presence whilst reaffirming the desire for partnerships. The African Command (Commandement pour l’Afrique—CPA), based in Paris, is the new structure for building our future military relationships in the region.
La décennie 2020 a profondément marqué les relations de défense entre la France et ses partenaires d’Afrique centrale et de l’Ouest. Les armées françaises ont porté la lourde responsabilité d’un effort opérationnel conséquent face aux Groupes armés terroristes (GAT) dans l’ensemble de la bande sahélo-saharienne (BSS) pendant une décennie. Elles réorganisent aujourd’hui de manière significative les modalités de leur soutien à leurs partenaires africains pour tenir compte de l’évolution du champ des perceptions et du contexte politique et stratégique global. La présence prolongée de militaires français, exploitée dans le champ informationnel par de nombreuses manœuvres de subversion, a suscité des interrogations parmi les populations. La détérioration du contexte économique et social et la persistance de l’insécurité ont alimenté les rumeurs sur les objectifs cachés de l’ancienne puissance coloniale. Le sujet de la présence militaire française était devenu un thème récurrent et porteur dans le discours des sphères « panafricanistes » ou de nos compétiteurs. La persistance des conflits et des affrontements a été perçue comme la cause d’enjeux plus complexes comme la gouvernance, le partage des richesses et l’avenir de la jeunesse. Les difficultés à faire entendre nos messages ont démontré notre vulnérabilité dans le champ informationnel et précipité une forme de rupture, particulièrement avec les jeunes générations.
Repenser les relations de défense avec les pays africains. Réduire l'empreinte permanente
Depuis deux ans, la France conduit une profonde reconfiguration de son dispositif militaire en Afrique. Cette action s’inscrit dans le cadre d’une rénovation des relations avec le continent, dont les orientations ont été fixées par le président de la République lors de ses discours de Ouagadougou (novembre 2017), de Montpellier (octobre 2021) et de Paris (février 2023) (1). Cette reconfiguration tient tout d’abord compte de l’évolution de l’environnement politique et stratégique sur le continent africain et singulièrement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Elle s’adapte ensuite à l’émergence d’un champ informationnel contesté où l’action de nombreux pays occidentaux, en particulier de la France, se voit instrumentalisée à des fins de désinformation. Elle permet enfin de répondre à l’exigence exprimée par les partenaires de disposer d’outils de défense pleinement maîtrisés et garants de leur souveraineté. Cette transformation ne relève donc ni d’un désengagement, ni d’une diminution de la coopération et encore moins d’une rupture.
L’Afrique et l’Europe sont liées par une communauté de destin et font face ensemble à quatre enjeux majeurs : la lutte contre le terrorisme (risque persistant de trou noir sécuritaire, menace de territorialisation/sanctuarisation), la lutte contre les trafics illicites (humains, drogues, armes, etc.), la préservation de l’environnement et des ressources naturelles, les conséquences du changement climatique.
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