Il y a certes des points communs entre l’Afrique et l’Amérique latine, dont l’océan Atlantique, mais les deux continents ne se connaissent guère. Il pourrait y avoir des domaines de convergences, notamment dans le champ économique, à condition de partager la même volonté.
Amérique latine – Relations Afrique-Amérique latine, entre mythes et réalités
Penser les relations entre deux continents aussi divers que l’Afrique et l’Amérique latine oblige à saisir la réalité dans sa dimension contemporaine tout en intégrant l’histoire. Celle-ci a ancré une approche prudente sinon distante, entre deux continents qui, paradoxalement, se rejoignent sur de nombreux points et qui ont en partage l’océan Atlantique. Le contexte international extrêmement tendu peut établir une base pour engager une nouvelle forme de coopération Sud-Sud afro-latino-américain. Le constat est simple : l’Afrique et l’Amérique latine ne se connaissent pas. Et pourtant ! Si Dakar et Rio étaient reliés par voie aérienne, il suffirait de 4 heures pour se rejoindre. La méconnaissance mutuelle fonde ses origines dans un ensemble mêlant géographie, démographie, intérêts politiques et géopolitiques. Entre mythes, illusions pouvant donner lieu à une certaine méfiance, l’idée de relations avec ces deux continents a longtemps paru illusoire, et toujours enfermées dans une approche idéologique.
Le cadre international actuel, le besoin de construire de nouvelles voies commerciales, les intérêts convergents en termes de soutien au développement et à la croissance tout en répondant des défis convergents de sécurité constituent autant d’opportunités nouvelles pouvant permettre d’engager une relation à de jour pratiquement inexistante. Comptant 54 pays, l’Afrique voit sa population augmenter : 2 milliards d’habitants à l’horizon 2050 (dont la moitié aura moins de 50 ans), majoritairement urbanisés. Les besoins en termes de gestion de croissance des villes, notamment l’accès à l’eau ou au numérique, le traitement des déchets, la formation et l’offre en termes d’emplois, constituent des défis gigantesques qui vont transformer les rapports de force au sein du continent dans les prochaines années. L’Amérique latine et la région des Caraïbes comptent, pour leur part, 33 pays et 600 millions d’habitants. Cet ensemble est confronté à des enjeux majeurs sur le plan économique (comme l’Afrique, avec un secteur informel majoritaire), sécuritaire. Le trafic de drogues, synthétiques ou liées essentiellement à la cocaïne, s’est développé et réorganisé depuis les années de la pandémie de la Covid-19, pouvant menacer dans certains pays, la stabilité de l’État. L’idéologie conduit certains d’être eux à s’engager dans « une tentation du Sud global » (1) visant à remettre en cause l’architecture internationale construite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La géographie a longtemps conditionné l’évolution continentale : pour l’un, l’Europe a longtemps été la frontière nord, destination inévitable, les États-Unis l’ont été et le restent pour l’autre. Pour autant, l’ancrage de nouveaux partenaires économiques comme la Chine, la Turquie, certains États du Moyen-Orient, aux côtés des partenaires traditionnels, offrent de nouvelles opportunités.
À l’instar des relations sino-latino-américaines avec l’appel à de nouvelles voies commerciales, notamment, les « routes des Incas » depuis le Pérou vers l’Asie, « les nouvelles routes des Éléphants » pourraient porter cette dynamique inédite d’échanges atlantiques, entre l’Afrique et l’Amérique latine. La diversité permet de trouver des leviers de coopération nouvelles : pour les uns, les matières premières, pour d’autres, les produits finis pouvant aller jusqu’à l’Intelligence artificielle (IA), les infrastructures et les transports, les secteurs ne manquent pas. Concrétiser cette nouvelle ambition est essentielle pour chacun des continents, qui courent à ce jour, le risque d’être entraînés dans l’instabilité internationale générant de graves conséquences économiques pour les pays qui ne sont pas encore parvenus à diversifier leur commerce.
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