Editorial
Éditorial
L’histoire ne se répète pas, ses leçons cependant demeurent et sont indispensables lorsqu’il faut décider et préparer nos armées pour demain et les décennies à venir. Le paradoxe que nous vivons actuellement est que la guerre imposée par la Russie à l’Ukraine, depuis près de 4 ans, repose cruellement la question de l’architecture de sécurité en Europe. En outre, plus de trois décennies après, la décomposition de l’URSS pèse encore sur notre destinée, avec une Russie révisionniste. D’où le besoin de regarder vers hier pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui dans l’est de l’Europe. Le dossier de ce mois s’inscrit à juste titre dans le prolongement du précédent qui portait sur la Charte de Paris, signée pour esquisser un futur harmonieux et prospère pour l’Europe. Le regard de la RDN se pose cette fois-ci sur le processus ayant conduit aux Accords de Dayton, censés mettre fin à la guerre en ex-Yougoslavie, dont la signature fut effective à Paris.
Face à l’explosion nationaliste de l’ex-Yougoslavie, l’ONU et l’Europe furent impuissantes à imposer la paix aux belligérants. Près de 3 ans de Casques bleus impuissants, de négociations diplomatiques et militaires pour pas grand-chose face à la duplicité des acteurs en conflit. Il fallut attendre l’engagement des États-Unis pour débloquer la situation, en s’appuyant sur les capacités de l’Otan. Même si, au final, les Accords de Dayton permirent de rétablir la paix, force est de constater que trente ans après, les entités régionales continuent à se regarder en chien de faïence au sein de la Bosnie-Herzégovine. Paix ne signifie pas nécessairement réconciliation.
Il est donc essentiel de bien comprendre ce qui s’était passé au regard des tractations actuelles autour de l’Ukraine, avec un équilibre quasi impossible à trouver tant Moscou reste intransigeant et obnubilé par la capitulation de l’Ukraine. Vladimir Poutine pousse aussi Washington à revoir l’architecture de sécurité en Europe, profitant du désintérêt manifeste de Donald Trump pour les Européens, simplement vus comme des clients pour son industrie de défense.
C’est une heure de vérité qui se joue et qui oblige à tout repenser face au chaos du monde et au rapport de force comme seul outil de régulation. La France a certes des atouts dont sa dissuasion nucléaire, mais elle doit aussi poursuivre sa mutation pour mieux répondre aux menaces qui pèsent sur nous et sur l’Europe. C’est un travail permanent dépassant largement le cadre strictement militaire. Il implique l’engagement de la Nation et de ses citoyens, dans un contexte complexe où trop souvent l’intérêt collectif est négligé. Or, il y a urgence car si l’histoire ne se répète pas, elle bégaie, surtout quand certains acteurs veulent la réécrire pour leur propre gloire. ♦









