La défense et la « nouvelle économie »
Révolution informationnelle, « netéconomie », société de l’information… les termes abondent pour magnifier la révolution technologique et économique qui s’esquisse sous nos yeux. L’ère fordiste (et ses technologies ô combien concrètes et matérielles) semble bien loin comme tous les symboles de cette époque qui, pourtant, n’est pas si éloignée. Ces transformations économiques tendent à reléguer à une autre époque les dépenses militaires, à croire que le monde saurait faire l’économie d’un effort de défense. L’euphorie actuelle conduit à négliger la place de cette dernière à l’aube du XXIe siècle.
Certes, selon l’OCDE, le marché mondial des technologies de l’information et de la communication (TIC) représenterait quelque 2 100 milliards de dollars en 1999 ; ces activités connaissent un taux de croissance s’approchant de 8 % par an depuis quelques années. Or les commandes militaires ne jouent plus qu’un rôle marginal dans les TIC. De manière prudente, on estime qu’en Europe, depuis 1993, ce marché a un poids plus important que celui de l’automobile. Aux États-Unis, les TIC ne représentaient que 4,1 % de la production totale de l’industrie en 1980, mais près de 8 % en 1995. À titre de comparaison, elles ont crû respectivement pendant la même période de 6,4 à 12,1 % au Japon et de 4,3 à 6,6 % en Europe. Quel contraste avec une économie de la défense qui n’en finit pas de se restructurer…
Qui plus est, les TIC sont à l’origine du tiers de la croissance américaine depuis le milieu des années 90. Pour la France, elles auraient représenté 0,5 point de croissance en 1998. Les TIC représentent directement environ 2 % de l’emploi total en Europe, mais 12 à 14 % indirectement. Ce marché est important non seulement parce qu’il est porteur de croissance, mais aussi parce que le taux de valeur ajoutée y est plus élevé que dans le reste de l’économie : 44 %, contre 36 % pour l’ensemble de l’industrie. La recherche-développement (RD) joue un rôle majeur dans leur expansion, avec un niveau moyen trois fois plus élevé que dans l’ensemble de l’industrie : les TIC absorbent 26 % de la RD industrielle, bien qu’elles ne représentent que 10 % de la production, et leur part croît régulièrement.
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